Les traditionnels freins au recrutement que sont la carte militaire et l'expérience sont toujours d'actualité. Le Salon du recrutement «Talents et emploi» s'est tenu la semaine dernière au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, à Alger. Au premier jour, l'événement a drainé un très grand nombre de visiteurs. «De mémoire d'organisateur, jamais manifestation n'a attiré autant de monde dès son inauguration!», confie un spécialiste de l'organisation de salons. En effet, l'évènement co-organisé par Emploitic.com et The Graduate, une agence de communication événementielle et Marketing RH que dirige Amel Seddiki, semble être un franc succès. A la clé donc de ce dernier une affluence record! A la première heure de mercredi dernier, ni le bulletin BMS (Bulletin météo spécial) ni l'éloignement géographique n'ont dissuadé les nombreux postulants à l'emploi de se déplacer des quatre coins du pays pour se rapprocher de leurs éventuels employeurs. Sous une pluie torrentielle et en dépit de moult difficultés pour accéder à l'auguste palais, nombreux ont été les jeunes et les moins jeunes à avoir fait le déplacement afin de mieux percer les secrets du recrutement. Des centaines de jeunes diplômé(e)s, cartables à la main et armés de leurs CV (curriculum vitae) et surtout de leur volonté de s'affranchir de leur statut de sans emploi, ont arpenté les stands du salon. Sur le lieu de la manifestation et plus exactement à l'accueil, des hôtesses s'évertuent à classer par spécialité un amoncellement de CV. Trois jeunes filles, à la démarche alerte s'empressent de rejoindre l'étage qui abrite le carrefour de l'emploi. «Nous avons déjà un emploi, mais comme l'herbe est toujours plus verte ailleurs, nous venons voir...» confient ces dynamiques cadres commerciales. En fait et à la faveur de ce rendez-vous, les postulants au travail ont la possibilité de s'entretenir directement avec des responsables en ressources humaines et donc de simuler une situation d'embauche. «Le but de cette démarche est de permettre aux jeunes diplômés de se mettre en situation et de mieux gérer un entretien!», déclare Nassima responsable à Emploitic.com. Informaticiens, biologistes, commerciaux et autres spécialistes de la communication constituent le gros du contingent en quête d'un poste de travail. Meriem, 24 ans à peine et diplômée de l'Ecole supérieure de commerce d'Alger confie: «Hormis les majors de promotion, les nouveaux diplômés sont lâchés dans la nature et ne peuvent donc compter que sur eux-mêmes!» Un autre profil de demandeurs d'emploi se dégage au fil des entretiens; il s'agit de tous ceux qui font de l'errance professionnelle. Notamment ceux, frais émoulus des universités, qui s'aventurent dans des métiers qui consomment exagérément l'énergie mais souvent très bien payés. L'on évoque à ce titre les passages éphémères dans les centres d'appels en qualité de télé-opérateur par exemple. Nadjet en fait partie: «Mes horaires de travail étaient compris entre 7h et 16h, j'ai dû jeter l'éponge au bout de quelques mois car l'exercice était harassant!» Figure enfin la catégorie de tous ceux qui veulent en finir avec les petits jobs d'été et autres activités occasionnelles qui ne correspondent aucunement à leur vocation ou à leurs compétences. Khalida, juriste, explique qu'en dépit de son diplôme en sciences juridiques et administratives, elle a dû accepter bien des fonctions en deçà de sa véritable qualification. «Secrétaire de direction, assistante... sont autant de sentiers par lesquels je suis passée!» Idem pour Sihem, TS en informatique et qui rappelle ses expériences, d'hôtesse d'accueil à la Foire d'Alger ou de vendeuse itinérante (de porte à porte). Enfin et contre toute attente, Mohamed, bardé de diplômes et doué sur le plan artistique car créatif, laisse entendre que les fameux freins au recrutement comme la carte militaire ou l'expérience sont toujours brandies par les employeurs comme conditions au recrutement, et ce en dépit des textes de loi en vigueur. «Ma venue à ce salon me permettra peut-être d'avoir de meilleurs éléments d'appréciation qui pourraient m'éviter éventuellement ces écueils», explique notre interlocuteur. L'autre enseignement que livre le Salon «Talents et emploi» est que les jeunes Algériens et Algériennes investissent résolument le cybermonde pour faire aboutir leur rêve de trouver l'emploi idéal. «Publier une annonce dans un journal et attendre, demeure une tactique très aléatoire, je préfère utiliser des leviers autrement plus efficaces comme Facebook ou Twitter!», assène Riyad. L'autre révélation charriée par l'actuel Salon du recrutement est,sans contest celle faisant état de la présence et de l'attractivité du privé dans le monde du travail en Algérie. «Y a pas photo! Les entreprises privées sont les seules participantes à ce salon!», confirment les organisateurs. En fait, à l'ère de la mondialisation et de la délocalisation, les grandes firmes et autres multinationales mettent tous les moyens pour dénicher la perle rare algérienne. Elles le prouvent à travers le Salon Talents et emploi».