Ils transitent par l'Algérie pour rejoindre l'Europe, mais ces Africains se sont adonnés à plusieurs trafics. Le procès en criminelle, tenu mercredi vers midi passé, a vu la fastidieuse lecture de l'arrêt de renvoi par le greffier juste après le cérémonial tirage au sort des deux jurés qui avaient encadré le trio de juges présidé par Boualem Bekri connu pour sa rigueur dans la gestion de tels dossiers. Les trente-sept accusés africains traînaient les lourdes accusations d'immigration clandestine, faux et usage de faux outre le grave crime d'association de malfaiteurs surtout qu'il y a eu aussi celui de la fausse monnaie. Les deux Algériens étaient poursuivis pour avoir hébergé sans les avoir déclarés aux autorités concernées, les Africains. Sur le siège du ministère public, Zouhir Talbi révisait le dossier ayant une oreille sur le récit débité par le greffier. Si l'immigration clandestine était avérée, restaient le faux et usage de faux sur documents administratifs. Au milieu de cette tempête, un à un les accusés s'accrocheront au seul fait de nier, et certains ont même trouvé les accusations exagérées et pour d'autres, imaginaires. Ce qui est certain, c'est que beaucoup d'Africains du Sahel ont affirmé avoir utilisé l'Algérie comme «gué» pour gagner l'Europe du Sud. Pour ce qui est de l'hébergement, les accusés concernés ont affirmé, à l'unanimité, avoir loué des chambres dans des conditions claires, loin de toute intention de nager dans l'interdit. Le fait apparent est la jeunesse des accusés: un âge moyen de vingt-huit ans. Il y a eu même des accusés qui ont parlé de demande de statut de réfugié politique, fuyant la répression aveugle qui frappe leur pays. Entendu le 19 juillet 2009, Traoré a repoussé l'accusation de faux et d'usage de faux. Aïssa Hamadou, le 14 juillet 2009, a reconnu, lui, avoir mis les pieds en Algérie sans papiers et donc n'a jamais usé de faux. Soukouna Stefane a fait la même déclaration à la barre, ce 16 février 2011: «Je suis un bricoleur dans le commerce africain. Je suis venu en Algérie, sans papiers, gagner mon pain quotidien.» Une accusée à, elle aussi, parlé d'immigration clandestine car, «je suis malade». J'ai entendu parler de la bonne santé de la médecine en Algérie. Ce qui a motivé mon entrée clandestinement. Abdelwaheb Bouaïta, a reconnu avoir loué de 5 à 3000 DA, la chambre aux Africains qui se présentent à chaque visite en groupe. Brahim Doulache a, lui aussi, reconnu les faits qui lui sont reprochés. «Il m'arrive de les transporter d'un endroit à un autre, un peu partout dans la capitale. Je loue les place à la journée. Mais je n'ai jamais usé de faux», a-t-il déclaré à Boualem Bekri, le président toujours vigilant. L'ambiance est morose. La salle est quasi vide, à telle enseigne que certains détenus avaient pris place sur les bancs réservés aux avocats et au public. A vrai dire, ce procès ne représente en rien un événement particulier sur le plan du crime organisé car nos juridictions connaissent quotidiennement de nombreux procès intentés pour immigration clandestine. C'est le nombre d'accusés qui a fait que l'on ait qualifié ces faits en accusation d'association, de malfaiteurs à qui il est surtout reproché le crime de fausse monnaie et de faux sur les documents administratifs avec de faux cachets fabriqués à l'emporte-pièce, juste de quoi éblouir les services de police aux frontières. Le lieu principal des crimes reste Bab Ezzouar (Alger), un véritable carrefour de tous les clandestins qui ont réussi à entrer en Algérie et dont la capitale est devenue un pôle-aimant pour tous les malfaiteurs qui y rôdent et sévissent. Mais à la célérité des services de sécurité est venu s'ajouter un fait nouveau: la vigilance des citoyens qui n'hésitent plus à dénoncer le jeu trouble d'étranges visiteurs et des nouveaux locataires. D'ailleurs, quatre témoins, qui ne seront entendus qu'en début de soirée, feront la lumière sur ce grave dossier qui va durer le temps que les trente-sept accusés soient entendus. A l'heure où nos mettons sous presse, Boualem Bekri, était en train d'entendre le dixième accusé.