Jamais, de mémoire de chroniqueur judiciaire, nous ne nous sommes autant ennuyés durant trois jours, tant la lenteur de ce procès était agaçante. Accusé de complicité de dilapidation de fonds publics, Bachir Frik que plusieurs observateurs de la capitale de l'Ouest présentent comme un bouc-émissaire mis dans la fosse «romaine», juste de quoi éblouir les partisans de campagnes indignes, propres à déshonorer des familles est issu d'une famille de chahid qui a eu l'outrecuidance de réaliser des projets qu'aucun wali n'a réussi à faire avant et après lui. Mais l'arrêt de renvoi évoque des malversations, des transactions et autres attributions de logements à des proches. Avec lui, Tayeb Laoufi, directeur de l'Agence foncière d'Oran, Hacène Balas, DG des Domaines, Chabane Makhloufi, DG de l'Opgi, et le Dr Bouarfa, bénéficiaire d'une décision de vente d'un lot de terrain acquis à un prix bien en deçà de la raison. Mercredi, de 11h à 21h, ce fut un calvaire que cette lecture des 362 pages de l'arrêt de renvoi qui a lassé le greffier, les membres du tribunal criminel et l'assistance, tant les détails étaient destinés aux seuls initiés. Jeudi matin, 9h 40. Le Dr Bouarfa, le premier accusé, versera des larmes de désespoir et de regrets avec cette phrase éloquente: «Finalement, je me demande si, grâce à mon bistouri, je n'aurais pas dû aller vers d'autres cieux plus accueillants...!» Makhloufi a flanché devant une Ania Benyoussef qui nous a habitués à mieux dans la célérité dans la conduite des débats soporifiques. Le PG a, lui aussi, tenté des assauts, mais l'accusé était bien soutenu par ses avocats. Maîtres Boudriat et Bouchina avaient saisi à temps que ce magnifique cadre avait été victime de l'ambiance propre aux salles d'audiences et tout le décor. Après quoi, Hassan Balas, DG des Domaines, a tout fait pour expliquer à une présidente parfois excitée, elle qui, d'habitude, préside avec panache. Vendredi 10h, c'est au tour de l'avant-dernier accusé, Tayeb Laoufi, directeur de l'Agence foncière, qui sera pris entre les mâchoires du parquetier Kahoul et de Mme Benyoussef, mieux prédisposée que la veille. Est-ce le vendredi sain...t des deux derniers accusés? Nous ne saurions vous l'affirmer car au moment où nous remettons ce papier, les auditions se poursuivent. Il y aura après, celles des témoins, les plaidoiries des parties civiles, le réquisitoire avec, peut-être, une suspension d'audience. Vendredi soir et suivront les douze plaidoiries des avocats de la défense, les Aït Larbi, Fadel, Menaceur, Hadj Habib, Benabdsadok et autres Gouadni, ex-bâtonnier d'Oran. Quant à Me Brahimi Miloud, il ne cesse d'envoyer des messages quant à l'accusation de son client Frik, qu'il considère comme victime dans ce dossier sombre. «Vous serez surpris, lors de nos plaidoiries», assure-t-il avant de souffler qu'il attend de pied ferme, tout comme Aït Larbi, le témoignage de l'expert, dont la sortie est vivement attendue.