Ahmed Fattani a réalisé une percée médiatique sans précédent. L'Expression tire aujourd'hui à 70.000 exemplaires. Ce qui le positionne parmi les quatre plus grands quotidiens nationaux. La cérémonie, qui a eu lieu samedi soir à l'hôtel El-Djazaïr, a été une occasion pour Ahmed Fattani de mettre les points sur les «i». Usant de son franc-parler coutumier, alternant avec aisance le ton enjoué qui sied à la fête et les montées lyriques qu'impose la conjoncture actuelle, faite de défis et de combats toujours recommencés, le directeur du journal L'Expression a tenu toute la salle en haleine avec son allocution. Ahmed Fattani a commencé par insister sur le fait que les centaines de personnes présentes dans la salle, à l'hôtel El-Djazaïr (ex-Saint-Georges), avaient toutes mérité leur place. Il a, en effet, insisté sur le long combat qui a été le sien depuis son entrée dans le monde «magique» et «tourmentant» de la presse. Un combat perpétuel a été son lot, de même que celui de nombreuses personnalités présentes dans la salle. A ce propos, un hommage particulièrement appuyé, qui a fait lever la salle tout entière, a été rendu au «grand journaliste» Naït-Mazi. Fattani, en toute humilité, a insisté pour dire qu'il a appris son métier, il y a de cela 35 longues années, grâce à ce monument de la presse algérienne. Cet homme, de la rare trempe des patriotes sincères, qui vouent leur vie au service de leur pays et de leur métier, aurait pu s'enrichir, aurait pu être le premier à posséder un journal. Il n'en a rien été. Toujours aussi humble. Il vit dans un trois-pièces. Il représente le type même du grand journaliste qui devrait être le modèle de la jeune génération montante dans ce pays. Que de chemin parcouru depuis. La grande aventure à la tête du journal Liberté a été stoppée net. Le long combat judiciaire se poursuit encore. Loin de se démonter, après avoir traversé de sombres années, avec l'aide précieuse de quelques amis également présents dans la salle, Ahmed Fattani a tenté de nouveau un grand défi, quasi irréalisable dans une pareille conjoncture: lancer un nouveau journal. Avec la prolifération des quotidiens en langue française, il était quasi impossible de se faire une place, comme l'affirment la plupart des observateurs de la scène médiatique algérienne. Mais, Fattani, grâce à son équipe à qui il a également rendu un vibrant hommage, a su faire de L'Expression un titre incontournable en un temps record de seulement deux années. Avec un tirage de 70.000 exemplaires par jour, et une progression régulière, il constitue l'exemple même de la réussite provoquée par le professionnalisme, l'honnêteté intellectuelle et la rectitude d'esprit. L'Expression, ouvert à toutes les tendances, ne privilégiant ni le gouvernement ni l'opposition, place en revanche l'intérêt du pays et du peuple au-dessus de toute autre considération. A 55 ans révolus, Fattani a particulièrement insisté sur le fait que l'aventure de L'Expression n'est nullement motivée par l'appât du gain. Soulignant au passage que beaucoup de confrères n'aiment ni ce journal ni son patron, il a insisté justement sur le fait qu'un titre pareil était indispensable pour tenter de rétablir un peu l'équilibre médiatique en faveur de l'objectivité et, pourquoi pas, de l'intérêt supérieur de la Nation. La tombola, devenue désormais une tradition, sera reconduite chaque année et coïncidera avec l'anniversaire du journal. Rendez-vous ferme est donc pris avec tous nos fidèles lecteurs...