Rencontrée à Taourirt Moussa à l'occasion de la remise du Prix du concours de poésie Matoub Lounès, organisé par la Fondation, la poétesse Samira Amour, originaire de Sidi Aïch, dans la wilaya de Béjaïa, nous raconte son parcours et nous dit sa passion pour les mots. Elle est l'auteure d'un recueil de poésie publié par le Haut Commissariat à l'amazighité et intitulé «Tudert ntmedyazt» (La vie d'une poétesse). L'Expression: Quel est votre sentiment en recevant aujourd'hui le Premier prix de poésie Matoub Lounès? Samira Amour: Depuis toujours j'ai rêvé de ce jour. Je suis incapable d'exprimer par les mots ma joie et mon émotion Le poème que j'ai déclamé, aujourd'hui, sur Matoub, je l'ai gardé depuis des années avec l'espoir de pouvoir le lire devant sa mère et devant tous ceux qui l'aimaient. Quand avez-vous écrit ce poème? Je l'ai écrit en 1998, juste après l'assassinat de Matoub. C'était un moment douloureux et inoubliable. Vous êtes une poétesse très connue par les auditeurs de la Radio Chaîne II... A la radio, les auditeurs me connaissent sous le pseudonyme de Samira N Koléa. J'habite à Koléa, dans la wilaya de Tipasa et je suis originaire de Sidi Aïch (Béjaïa). Effectivement, les auditeurs de la radio me connaissent, car je participe régulièrement aux émissions de poésie que diffuse la chaîne. A quand remonte la composition de vos premiers poèmes? Je suis entrée dans le monde de la poésie quand j'avais 17 ans. J'enregistrais mes textes sur des cassettes, mais j'en ai perdu un certain nombre. Avez-vous été aidée? Oui. Grâce à la radio, j'ai eu plusieurs contacts. Par exemple, en 1981, j'ai eu des contacts avec Benmohamed. L'idée d'un ouvrage collectif était née, mais à l'époque, c'était très difficile. Il n'y avait pas de moyens de communication comme aujourd'hui, ni les moyens pour se déplacer, surtout pour une femme. Vous avez même eu des contacts avec Mouloud Mammeri... Oui, Mouloud Mammeri a pris connaissance de ma poésie et il était question qu'il la prenne en charge, notamment pour ce qui est de la traduction et de la publication. Mais sa mort est intervenue avant la concrétisation de l'idée. Entre-temps, vos poèmes passaient régulièrement à la radio. Quelles sont les émissions où l'on pouvait écouter vos textes? J'ai participé à plusieurs émissions, notamment celles animées par Si Smaïl, Djamila Bouguermouh, Saïd Hilmi. Dans les années 1980, la Chaîne II a organisé un concours de poésie où il y avait une forte participation. Sur les 24 poètes retenus pour la finale, j'ai été classée troisième. C'est grâce à la radio que vous avez pu mener votre parcours de poétesse? Tout à fait, je suis redevable à la radio. En plus de mes poèmes qui y passaient, la radio m'a permis d'entrer en contact avec de nombreux autres poètes avec lesquels j'ai correspondu régulièrement. J'ai eu beaucoup d'échanges d'idées avec les auditeurs. Grâce à la radio, chaque poète a pu aider un autre et être aidé à son tour. Combien de poèmes avez-vous composé depuis vos débuts? J'en ai gardé environ 200 textes. Grâce au Haut Commissariat à l'amazighité, j'ai pu publier un premier recueil. En 2001, Youcef Necib m'a rendu visite. C'était au moment où il préparait son livre sur Slimane Azem. Il a apprécié mes poèmes et je me souviens qu'il m'avait dit que mon école à moi, c'était la vie. Puis, il s'est engagé à m'aider et il m'a rédigé une préface. D'ailleurs, mon deuxième livre sera édité aux éditions Zyriab de Nourredine Necib. Ce dernier m'a aussi beaucoup encouragé. Actuellement, le recueil est en cours de transcription par Lynda. Revenons à Matoub. Quelle est la particularité de ses chansons d'après vous? Les textes de Matoub constituent un trésor. Quant à ses chansons, en les écoutant, on éprouve une sorte de fusion entre son coeur et le nôtre. Sa voix est unique dans le monde. Pour sa façon d'interpréter, sincèrement, je suis incapable de la décrire avec des mots. Quand j'écoute Matoub, j'oublie que j'existe, je m'oublie...