“Ce n'est pas parce qu'il y a quelques opérateurs malhonnêtes qu'on va empêcher toute une communauté d'exportateurs de vivre et de travailler. Et en plus, l'activité assure plus de quelque 40 000 emplois directs et indirects et permet ainsi des revenus à de nombreuses familles.” C'est ainsi que le président du Club des exportateurs de métaux ferreux et non ferreux (Ecorex), M. Noureddine Sergoua, a réagi hier, lors d'une conférence de presse, aux déclarations tenues le 6 décembre dernier par le ministre du Commerce à propos de l'interdiction, à compter du 1er janvier prochain, de l'exportation des déchets ferreux et non ferreux. M. Sergoua reconnaît l'existence de malversations dans ce domaine, œuvre, dit-il, d'“opérateurs malveillants”, notamment en ce qui concerne la facturation et le non-rapatriement de la valeur du produit exporté, mais il appelle de tous ses vœux pour que cette activité soit sauvegardée, tout en demandant aux autorités la mise en place d'une réglementation stricte et claire en la matière. La corporation des exportateurs de ces produits craint donc la disparition de l'activité à cause de certains opérateurs véreux. “Ces gens malhonnêtes, nous les avons toujours combattus et nous les combattrons toujours. Nous, nous disons aux autorités ceci : laissez-nous vivre, faites-nous confiance et contrôlez-nous”, supplie presque le président d'Ecorex, une association qui n'a pas encore reçu son agrément malgré la demande faite au ministère de l'Intérieur. M. Sergoua n'est, d'ailleurs pas allé de main morte pour dénoncer “ces criminels qui n'ont pas de place parmi nous”, même si, d'après lui, “ce genre de trafic existe de par le monde”. Notre interlocuteur estime que “le ver est dans le fruit et il faut juste l'extirper”. Les membres de cette corporation appellent donc les pouvoirs publics à l'élaboration d'un cahier des charges qui “réglementerait définitivement la corporation, notamment par l'élimination de certains produits qui pourraient être soumis à une autorisation spéciale à l'exportation, et relevant de l'ex-monopole de l'Etat, à savoir câbles, rails…” Ils se proposent même de participer à sa confection. Selon M. Sergoua, il y aurait quelque 300 exportateurs et récupérateurs de déchets de métaux ferreux et non ferreux en Algérie. Pour les exportateurs malhonnêtes, ils ne représenteraient que 2 à 3% de la corporation et, d'après le président d'Ecorex, “il sont connus de tous”. L'association plaide donc pour une moralisation de la profession et ce, en émettant des propositions qui, selon M. Sergoua, “vont pouvoir régler les problèmes”. “Nous avons 21 premiers points à proposer. Nous avons des solutions”, insiste-t-il, en demandant plus de contrôle des banques primaires, en abaissant le délai de rapatriement de la valeur des marchandises, en modifiant les modalités de paiement, en mettant en place une charte de déontologie de la profession et en procédant à l'identification des exportateurs. M. Sergoua note, par ailleurs, qu'il n'existe pas en Algérie d'industrie de transformation de la plupart des déchets exportés. “En dehors des ferrailles et en partie seulement, aucune usine n'est en mesure de traiter ces produits en cas d'interdiction et qui sont en majorité inutilisables en Algérie”, indique, dans un communiqué distribué hier à la presse, cette association qui met l'accent, dans son argumentaire, sur le rôle de protection de l'environnement que joue l'activité de collecte des déchets ferreux et non ferreux. Chaque année, plus de 200 tonnes de déchets sont récupérées, traitées et exportées à travers les 11 ports du pays, note le communiqué. M. Sergoua relève, par ailleurs, qu'il n'est pas normal que l'on cherche une solution pour le problème du vol des câbles électriques et de téléphone en arrêtant l'activité d'exportation. “Nous ne sommes pas responsables des vols. Ce n'est pas à nous de régler ce problème. C'est aux entreprises concernées de prendre les mesures nécessaires pour empêcher les vols.” Mais, en fin de compte, ce que regrette surtout ces exportateurs, c'est cette “solution extrême” décidée pour régler un problème qu'ils considèrent comme mineur. Hamid Saidani