Des épreuves du terrain attendent l'Unique, en ces temps de révolte multiforme. Journal télévisé de 20 heures, samedi, sur l'Entv. Surprise: Me Mostefa Bouchachi président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) passe au JT. Il est montré au moment fort de la manifestation qui a eu lieu au matin du même jour, à Alger. «Nous voulons le changement du régime», a déclaré Me Bouchachi. Il a invité l'Unique à un traitement équitable de l'information. «Le régime est despotique», a-t-il clamé. Et cela est diffusé sur l'Unique, en prime time. Les téléspectateurs ne sont pas au bout de leur surprises: Me Ali-Yahia Abdenour, président d'honneur de la Laddh, succède à Me Bouchachi sur le petit écran. «Le jour où les autorités nous laisseront marcher. Ce jour-là, nous pourrons parler de liberté dans notre pays», martèle l'infatigable militant de 90 ans. Et cela passe encore! Le tout est diffusé en 10 minutes. Est-ce un signe d'ouverture des médias lourds tel que promis, récemment, par le président de la République? Les observateurs restent prudents sur la question. Des épreuves de terrain attendent l'Unique, en ces temps de révoltes mutiples. Sit-in, grèves et marches font l'actualité nationale ces derniers jours. L'Entv se mettra-t-elle au diapason de la contestation sociale multiforme? Le défi est lancé. Aujourd'hui, 500.000 fonctionnaires des communes entament une grève de trois jours, à l'échelle nationale. Leur mouvement paralysera les 1541 APC que compte le pays. Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales est mis, ainsi, à rude épreuve. La révolte secoue, également, le secteur de la santé. Les paramédicaux sont en grève illimitée. Leur mouvement rend caduque l'annonce faite vendredi par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, estiment les spécialistes de ce dossier. Ould Abbès a annoncé que trois décrets prennent, désormais, en charge les revendications du corps paramédical. «Ils seront soumis lundi (demain) au Secrétariat général du gouvernement, après leur validation par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et la direction générale de la Fonction publique», a-t-il assuré. Le ministre semble jouer les prolongations d'une partie qui jusque-là n'est pas télévisée. Six syndicats qui exercent dans son secteur ont appelé, samedi, à un rassemblement pour mercredi prochain, à l'hôpital Mustapha-Pacha, au niveau d'Alger. Il s'agit des praticiens généralistes et spécialistes, des paramédicaux, des hospitalo-universitaires et l'Ordre des médecins. Le traitement que réservera l'Unique à ce sit-in est une grande inconnue pour les analystes. Le mot d'ordre de grève illimitée est repris par l'ensemble des étudiants des universités et des grandes écoles du pays. Leurs représentants ont, une nouvelle fois, haussé le ton. «Désormais, nous interpellons le président de la République», a déclaré, hier, un étudiant, joint par téléphone. Plus de 3000 étudiants ont observé un sit-in devant le ministère de l'Enseignement supérieur, mercredi dernier. 200 parmi eux, ont passé la nuit sur les lieux. Le ministère s'est distingué par un procédé qui a surpris nombre d'observateurs. Il a invité les manifestants à des négociations nocturnes, selon des témoignages. Cela dit, la fronde estudiantine maintient la pression. Le département de l'Education nationale n'échappe pas au vent de la colère. Employés des oeuvres sociales, corps communs et adjoints de l'éducation sont au front de la contestation. Ce mouvement s'amplifie chaque jour. Il touche des pans entiers de la société. La Télévision algérienne sera-t-elle au rendez-vous de l'histoire?