Les syndicats autonomes du secteur de la santé ont décidé, enfin, d'enterrer la hache de guerre et d'aller vers l'unification des rangs. Aujourd'hui, ayant pris conscience, plus que jamais, de la nécessité de consolider leurs efforts, ces organisations syndicales, agréées, envisagent de constituer un regroupement qui sera une force de proposition, d'opposition et un contre-pouvoir. Est-ce là un premier pas vers la création de la «fameuse» confédération regroupant les syndicats de la Fonction publique et aussi du secteur économique ? C'est du moins l'objectif visé par les initiateurs du mouvement de protestation prévu pour aujourd'hui au CHU Mustapha Pacha. En effet, cinq organisations syndicales, à savoir les Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), ceux des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), des maîtres-assistants en sciences médicales (SNMASM), des professeurs et docents en sciences médicales (SNPDSM), du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) et enfin le Conseil de l'ordre des médecins, ont décidé d'un commun accord d'observer, comme première action, un sit-in programmé pour aujourd'hui à partir de 11h dans l'enceinte de l'hôpital Mustapha Pacha. Ces organisations syndicales, représentant différents corps médicaux dénoncent l'opacité caractérisant la démarche du ministre, Djamel Ould Abbès, concernant la concertation initiée autour du projet de la nouvelle loi sanitaire, de la politique de la santé et de la réforme hospitalière, et qui n'obéit pas aux règles universellement admises en la matière. «Le ministre de la Santé tient un discours ambivalent envers les syndicats. Il dit une chose et fait son contraire. A son installation à la tête du ministère, Ould Abbès a promis de régler les problèmes des praticiens. Jusqu'à aujourd'hui, aucune revendication n'a été satisfaite», affirme Merabet, porte-parole du SNPSP. M. Ghachi, premier responsable du SAP, va plus loin dans ses accusations, il qualifie Ould Abbès de «menteur» et de «flatteur» qui ne se préoccupe que de son image de marque. «Il est l'homme le plus médiatisé. Il n'arrête pas de ressasser que les préoccupations des paramédicaux sont entièrement satisfaites. Que le ministre apporte la preuve de ce qu'il avance», peste M. Ghachi qui ne comprend pas comment un ministre peut-il être indifférent à une grève qui a paralysé tous les services des hôpitaux et des polycliniques. Sans un engagement écrit, le SAP ne renoncera jamais à son action de protestation entamée le 8 février et qui prend chaque jour de l'ampleur. Les animateurs du sit-in d'aujourd'hui dénoncent les pratiques du ministre de la Santé qui prétendent substituer des individus aux organisations représentatives des professionnels de la santé. «Nous considérons cela comme un acte d'hostilité envers les partenaires sociaux et une négation de leurs prérogatives consacrées par la loi. Nous dénonçons aussi la fuite en avant du ministre qui ne sert pourtant ni les intérêts du secteur ni ceux du pays. Nous revendiquons une concertation véritable», réclament les syndicats de la santé. Ces derniers n'ont nullement ménagé Ould Abbès. Ils disent ne pas cerner ni comprendre la stratégie du ministre et revendiquent fortement la sauvegarde du système de santé publique et l'exercice du droit syndical et le droit à la grève...