La chef de la diplomatie française est la principale victime du «ratage arabe» de la politique française ainsi que de ses «relations particulières» avec des figures tunisiennes de l'ancien régime. Alain Juppé, qui a déjà occupé le poste de ministre des Affaires étrangères (1993-1995), reprend les rênes. Dans la journée d'hier, le verdict est enfin tombé. Afin de redresser au plus vite la barre en pleine présidence française du G20-G8, le président français Nicolas Sarkozy cherche à remettre sur les rails une politique étrangère, décalée et laissée sans voix par les bouleversements politiques dans le Monde arabe, par ailleurs très affaiblie après une série de scandales. Victime des errements de la politique arabe de la France, après seulement trois mois de fonctions, Michèlle Alliot-Marie, paie cash ses propres maladresses. Malgré un parcours sans faute dans ses différentes fonctions ministérielles, Michèle Alliot-Marie a lamentablement échoué dans la diplomatie, confirmant le principe selon lequel n'est pas diplomate qui veut. Aussi, le départ de Mme Alliot-Marie était-il attendu. Il est intervenu hier lorsque la désormais ex-chef de la diplomatie a annoncé officiellement sa démission dans la soirée. Parallèlement aux critiques lancées à son encontre, pour ses déclarations controversées sur la Tunisie, les complaisances dont elle a bénéficié de la part des proches du clan Ben Ali lui auront coûté poste et crédibilité. Michèle Alliot-Marie avait, effectivement, eu recours entre Noël et le Jour de l'An au jet privé d'un Tunisien, Aziz Miled, entre Tunis et la ville de Tabarka, pour y passer des vacances en famille dans un hôtel appartenant également à ce dernier. La ministre des Affaires étrangères était accompagnée de ses parents et de son compagnon, Patrick Ollier, lui aussi ministre, en charge du portefeuille des Relations avec le Parlement. Fait aggravant, ce voyage est intervenu en pleine révolte du peuple tunisien, révolte qui en était alors à sa deuxième semaine. Remaniement lié à l'éviction de Mme Alliot-Marie ou changement plus large pour tenter de redonner du souffle à son équipe, à un peu plus d'un an de l'élection présidentielle? Le landerneau parisien s'interrogeait hier sur les intentions de Sarkozy, qui devait, dans la soirée (hier) faire un discours sur la politique internationale, tentative de rattraper ce qui pouvait encore l'être. Selon la solution retenue, (léger remaniement ou recentrage) plusieurs noms circulaient ce week-end quant aux possibles nouvelles figures qui pourront rejoindre le staff gouvernemental. Ainsi, pour remplacer Juppé à la Défense, il était question du patron des sénateurs UMP (majorité), Gérard Longuet, mais aussi de l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin ou encore du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, lequel pourrait alors céder son portefeuille à Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée. L'Exécutif pourrait aussi faire entrer deux ou trois secrétaires d'Etat dans un geste en direction des centristes. Le Nouveau Centre a d'ailleurs souhaité samedi que le remaniement «permette un rééquilibrage politique».