Défection à la direction de l'organisation, paralysie provoquée par les massacres israéliens à Ghaza et changement dans le Monde arabe, sont autant d'ingrédients qui anticipent l'agonie du projet français. L'UPM s'achemine t-elle vers le grand crash? Espérant sauver ce qui peut l'être, la «refondation» de l'Union pour la Méditerranée est jugée «nécessaire» par certains pays, dont l'Algérie. Massacré par Israël, ce processus, projet cher au président français, Nicolas Sarkozy, se trouve dos au mur. Après l'échec des dirigeants et des politiques, ce sont les parlementaires des pays concernés qui ont lancé la bouée de sauvetage tentant d'éviter le grand naufrage à ce processus. Réunis depuis jeudi dernier à Rome dans le cadre de la 7e réunion de l'assemblée de l'UPM, les 43 Parlements des pays membres étaient unanimes à appeler à remodeler ou à refonder les relations entre les pays des deux rives. S'exprimant au nom de la délégation algérienne, Miloud Chorfi député RND, a déclaré que l'Algérie est favorable à une refondation du processus. «C'est à une véritable refondation de l'UPM que nous vous invitons, loin des arrière-pensées politiques liées à la crise du Moyen-Orient et des seules préoccupations migratoires, sécuritaires ou terroristes», est-il souligné dans la déclaration de la délégation parlementaire algérienne, lue par M.Chorfi. Evoquant les relations entre l'Europe et les pays du sud de la Méditerranée, il estime que le partenariat entre les deux rives n'avait «pu réaliser ses objectifs essentiels», ajoutant que cette situation «nous interpelle en exigeant une révision de ce parcours» à travers un nouveau modèle de ces relations. Même vision et proposition défendues par la France, pays initiateur. Refonder le processus est «plus nécessaire que jamais» selon le chef de la diplomatie française, Alain Juppé. Paris souhaite convaincre ses alliés de l'Union européenne, jeudi prochain à Bruxelles, en proposant «d'aller beaucoup plus loin dans le volet politique de l'UPM», a adjuré le conseiller spécial du président, Henri Guaino. Le nouveau patron de la diplomatie française, M.Juppé estime que l'UPM doit favoriser «un développement qui permette aux citoyens du Sud de vivre dans leur pays et d'y trouver la paix, la liberté, le travail et la prospérité», a-t-il expliqué. Sans préciser jusqu'où ira l'Europe dans ce nouveau volet politique que pense proposer la France, Alain Juppé fait, selon les observateurs, clairement allusion au risque d'une immigration massive en cas d'instabilité au Sud. Après un lancement triomphal en juillet 2008, l'UPM a, de l'avis des experts, échoué dans ses missions. M.Sarkozy parlait de grands projets restés uniquement au stade de ses grandes ambitions. C'est un véritable coup d'épée dans l'eau. Depuis le lancement de l'UMP, aucun projet concret n'a vu le jour. Hormis les réunions des parlementaires ou d'experts, jamais les dirigeants des pays membres ne se sont plus retrouvés autour de la même table. Pis, l'UPM se trouve «dépourvue» de son équipe dirigeante. Le coprésident, désigné de la rive Sud, Hosni Moubarak, a été chassé de la présidence de l'Egypte. Pressenti comme successeur de l'ex-président égyptien, à la coprésidence de l'UPM, Zine El Abidine Ben Ali, ex-président tunisien, a été chassé du pouvoir avant «son ami» égyptien. L'autre poste vacant est bien celui du secrétariat. Le Jordanien Ahmad Massad'eh, secrétaire général de l'organisation basée à Barcelone, a démissionné de son poste. Nommé à ce poste, il y a tout juste un an, il explique que «ses fonctions ne correspondent plus à ses souhaits» et que «les conditions dans lesquelles il a accepté ce poste ont changé». De l'autre côté de la rive Sud de la Méditerranée, la succession à Hosni Moubarak fait couler beaucoup d'encre. Le Maroc est plus intéressé par «un statut avancé avec l'UE». L'Algérie a réitéré maintes fois qu'elle n'est pas intéressée par «un poste de responsabilité», y compris le secrétariat. Défection à la direction de l'organisation, paralysie provoquée par les massacres israéliens à Ghaza, le mouvement de troubles dans le Monde arabe sont autant d'ingrédients qui anticipent l'agonie du projet français. Certains experts n'écartent pas la possibilité de voir ce processus disparaître dans le cas d'un échec du président Nicolas Sarkozy de briguer un deuxième mandat à l'Elysée. La diplomatie française trouvera- t-elle «un bon pilote» pour éviter le crash? En attendant, l'UPM traverse une grande zone de turbulences...