Les opinions restent très partagées entre l'Europe et l'Amérique, la première reste prudente alors que la seconde brandit la menace d'une intervention militaire. Le «guide» libyen n'en finit pas de dérouter par ses déclarations à l'emporte-pièce, allant jusqu'à nier qu'il se passe quelque chose de grave en Libye, et parlant de «rumeurs» quant aux combats et victimes dans ce pays qui vit une révolte sanglante depuis le 15 février. Le Conseil de sécurité de l'ONU «n'est pas compétent pour les affaires internes d'un pays», a ainsi indiqué le «guide» libyen Mouamar El Gueddafi. «Il intervient si deux Etats s'affrontent, mais là, le Conseil de sécurité outrepasse ses droits sur la base de simples informations médiatiques ou de rumeurs», a-t-il expliqué. «S'il veut s'immiscer qu'il envoie une commission d'enquête, et je vous répète que j'y suis favorable. En attendant, sa résolution (adoptée à l'unanimité condamnant la répression) est nulle et non avenue à mes yeux, en tout cas tant qu'une commission d'enquête sérieuse et indépendante ne soit venue vérifier les choses sur place». Le dirigeant libyen réaffirme que ses troupes n'ont pas tiré sur des civils et rejeté le bilan de 6000 tués dans la répression de l'insurrection dans son pays, chiffre divulgué mercredi à Paris par le porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l'homme. Ali Zeidan Le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, a réclamé, quant à lui, de nouvelles sanctions contre le régime libyen et une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, dans un entretien hier au journal dominical Welt am Sonntag. «Des sanctions ciblées contre ceux qui sont responsables de crimes contre le peuple libyen sont nécessaires», a-t-il dit. «Il est en tous cas clair que l'action de la communauté internationale doit être autorisée par le Conseil de sécurité de l'ONU», a-t-il ajouté. A ce titre, le président américain Barack Obama avait déclaré, jeudi, que les Etats-Unis examinaient «toutes les options», y compris militaires, dans la crise libyenne. Toutefois, plus prudente, l'Europe met les freins, à l'instar du ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni, qui a appelé les Américains à «ne pas se mêler» des affaires de la Libye et laisser faire les Européens face au risque de montée du fondamentalisme islamique, a rapporté la presse dominicale italienne. Même son de cloche du côté français, où le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, affirmait hier au Caire, où il était en visite, qu'une intervention militaire en Libye aurait des «effets négatifs» indiquant que «la France, mais aussi plusieurs de ses partenaires, ne sont pas favorables à une intervention militaire occidentale en Libye qui aurait des effets tout à fait négatifs», a déclaré M.Juppé. «Dans l'hypothèse où les combats deviendraient plus sanglants, nous devons nous préparer à réagir, et c'est la raison pour laquelle nous avons accepté la programmation d'une zone d'interdiction aérienne au-dessus de la Libye», a cependant ajouté le ministre français. Le chef de la Ligue du Nord (Italie), Umberto Bossi, a pour sa part estimé qu'une action militaire occidentale contre le régime d'El Gueddafi ne ferait qu'accroître l'afflux de réfugiés. «S'il y a des bombardements, ils vont tous rappliquer ici», a-t-il averti. A ce sujet, s'adressant au monde et en premier lieu aux Français, le colonel El Gueddafi a brandi, à nouveau, les spectres de l'immigration massive et du terrorisme islamique.