Tous les jeunes nés avant 81 pourront désormais aller et venir sans tracas, si ce n'est celui des visas. Nous avons confirmé, hier, de sources proches de la Dgsn, que celle-ci vient de diffuser une circulaire de la plus haute importance pour la jeunesse masculine algérienne. Tous les policiers travaillant aux ports, aéroports et frontières sont tenus, désormais, de «faciliter au maximum les démarches de transit des jeunes voyageurs âgés de plus de 21 ans, c'est-à-dire nés avant janvier 1981». Il est surtout question, comme tout le monde l'aura sans doute deviné, de la carte et du livret militaires. La plupart des jeunes Algériens ne peuvent pas voyager, ni même espérer le faire un jour, à cause de cet épineux problème. La même question, du reste, se pose ailleurs dans le monde puisque de nombreux ressortissants algériens ne peuvent faire de visites chez eux, voir leur famille, revoir leur pays, à cause de ce fameux document. Il ne fait donc aucun doute qu'une fois que cette information aura fait le tour de la cité et se sera propagée telle une traînée de poudre dans tous les pays à forte concentration de ressortissants algériens, il ne soit observé un regain de mouvement des personnes aux frontières, tant au niveau des ports que des aéroports. Bien entendu, cette mesure ne concerne pas les personnes qui ont des casiers judiciaires «sales» portant, notamment mention d'empêchement de quitter le territoire, ni celles qui ont des litiges avec la justice et dont la sortie du territoire national peut nuire au déroulement de l'instruction de ladite affaire. Seule la problématique des visas, une autre question qui se pose avec acuité à la jeunesse algérienne, empêcherait ce flux de se faire encore plus dense. Reste à préciser que cette mesure peut contribuer à aider de nombreux jeunes cherchant la voie de l'émigration à atteindre enfin leurs «rêves». Elle prend effet au moment où la droite revient en force en Europe et où la chasse aux «sans-papiers», notamment en France, bat son plein actuellement. Cela au même moment où l'Algérie, en signant son accord d'association avec l'UE et en s'engageant à respecter un certain nombre de règles de «bienséance». La prochaine visite à Alger du ministre français de l'Intérieur, suivie de celle de son chef d'Etat, s'inscrit entre autres dans cette optique. Cette circulaire, il faut le souligner également, fait suite aux autres mesures déjà prises par le Président de la République depuis son arrivée à la tête de l'Etat algérien en avril 99. Abdelaziz Bouteflika, en effet, a déjà amnistié toutes les personnes nées entre 59 et 72 ce qui avait provoqué une joie incommensurable chez des dizaines, voire des centaines, de milliers de jeunes Algériens sans perspective aucune, et pris à la gorge par le service national jusqu'à l'arrivée du Président Bouteflika. Il est même question que cette mesure soit étendue, dans un proche avenir, aux jeunes nés entre 72 et 78. En attendant, plus besoin de «sursis», ni de quoi que ce soit d'autre pour pouvoir aller et venir librement.