Les formations politiques n'offrent pas l'environnement adéquat pour la promotion de la femme. Les femmes sont utilisées comme des cartes par les partis politiques. Pour eux, c'est un moyen de garantir davantage de voix lors des échéances électorales. Les participantes aux travaux du 1er Forum des femmes élues à, Tanger, sont unanimes sur ce point. Lors d'un atelier organisé, hier, sur la représentativité politique des femmes, les intervenantes ont tous reconnu que les partis politiques ne contribuent pas suffisamment à l'implication de la femme dans la vie politique. Bien au contraire, ils s'en servent pour accroitre leurs chances lors des élections. «Nous sommes pour eux une carte, un alibi pour remplir les listes électorales», a estimé Mouyoyo Odette, maire adjoint de Libreville, au Gabon. Cette élue considère que l'appartenance à un parti politique est une passerelle pour les femmes afin qu'elles puissent s'imposer sur la scène. Cependant, elle précise que les formations politiques n'offrent pas l'environnement adéquat pour la promotion de la femme. «Il faut se battre à l'intérieur du parti pour être en tête de liste ou être élu au sein de la hiérarchie», a-t-elle affirmé. Même constat avancé par Mme Rasamoelina Brigitte, vice- président du Congrès de la transition de Madagascar et présidente nationale du parti Ampela Manao Politika. «On fait appel aux femmes juste pour applaudir les décisions», a-t-elle lancé en préambule. Développant ce constat, cette responsable explique que rarement les femmes sont associées à la prise de décision. Même si elle est présente en force au niveau de la base, la femme demeure marginalisée au niveau des instances dirigeantes. «Quand il s'agit des postes-clés, l'homme est toujours privilégié par le parti», a-t-elle dénoncé. Et d'ajouter: «Les hommes n'offrent pas de cadeau, il faut se battre pour imposer ses idées et réclamer l'égalité entre les hommes et les femmes». La problématique de la représentativité politique de la femme a été approfondie et longuement débattue par les participantes. Malgré le fait que les femmes représentent la moitié de la population dans les pays africains, sa participation à la prise de décision est marginale. Pour quelle raison? En premier lieu, l'environnement politique et social n'est pas en sa faveur. En second lieu, les tabous, les obligations familiales, l'absence d'une prise en charge pour la formation sont autant d'entraves à sa participation à la vie politique. Par ailleurs, les participantes ont examiné la question des quotas. Elles estiment que cette politique est une arme à double tranchant. Certes, ce système encourage la femme à intégrer la vie politique, mais il risque en même temps de lui porter préjudice. A cet effet, les partis politiques peuvent faire du remplissage et pratiquer le clientélisme en présentant des femmes candidates dans des circonscriptions non importantes ou dans des positions non éligibles sur les listes électorales. De plus, les partis ne choisissent pas les candidates pour leur compétence et leur expérience mais simplement pour respecter la loi. En fait, la promotion de la femme en politique dépend de la volonté des Etats à aller vers l'égalité des sexes. Seules la Constitution et la loi peuvent accélérer les choses et contraindre les partis à franchir le pas vers plus d'égalité en faveur des femmes.