Le 19 Mars de cette année sera célébré sous le feu de la protestation. C'est la révolte généralisée. Tous les secteurs sont sur un volcan. Blouses blanches, organisations autonomes, partis, étudiants, transporteurs publics, cheminots, chômeurs, gardes communaux, familles de disparus et même les imams sont au front de la contestation. Les médecins résidents montent au créneau. Ils organisent des sit-in dans plusieurs centres hospitalo-universitaires du pays. «Suite à l'indifférence de la part de la tutelle vis-à-vis de nos revendications, nous organisons un second sit-in, ce jeudi 10 mars 2011 (aujourd'hui) afin d'affirmer notre mobilisation», lit-on dans un communiqué de presse du Collectif des médecins résidents algérien (Cmra), reçu hier par la rédaction. Ces rassemblements toucheront une dizaine de CHU au niveau national. Il s'agit des CHU Mustapha-Pacha à Alger, de Tizi Ouzou, Blida, Constantine, Annaba, Batna, Oran, Tlemcen, Sidi Bel Abbès et Sétif. Cette manifestation des résidents est la seconde du genre. Elle fait suite à celle qui a eu lieu lundi dernier. Le même jour, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière convoque une conférence de presse, en urgence, pour parler de...la grippe A/H1N1. «Les résidents ne dépendent pas de mon département», a-t-il déclaré, interrogé sur cette question. Le secteur de la santé est malade. Un autre symptôme de cette maladie: le fossé ou la fracture qui ne cesse de s'élargir entre les syndicats autonomes et la tutelle. Les deux parties s'affrontent sur un autre champ de bataille, celui de la nouvelle loi sur la santé. Les services du ministère affirment que les partenaires sociaux sont associés à son élaboration. Les syndicats, pour leur part, soutiennent le contraire. «La mouture du texte n'est pas encore arrêtée. Nous avons organisé, début février, une conférence nationale lors de laquelle des syndicats ont manifesté leur désaccord», a rappelé le responsable du service communication, rencontré sur place. Il a, ainsi, fait allusion au retrait des praticiens généralistes, spécialistes, hospitalo-universitaires et de l'Ordre des médecins de ces assises. Les syndicats l'entendent-ils de cette oreille? «Suite à notre retrait, nous avons remis une requête au ministre, au nom des différents syndicats qui se sont retirés. Nous lui avons demandé à être reçus pour expliquer notre boycott des travaux et proposer une démarche de concertation constructive quant à l'élaboration du nouveau projet de loi. A ce jour, nous n'avons pas reçu de réponse à cette demande», a objecté le Dr Lyès Mérabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), joint hier, par téléphone. Le vent de la colère est tel que le samedi est consacré journée hebdomadaire de la protestation. Samedi prochain encore, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd), aile RCD, remet ça. Une marche est prévue de la place du 1er-Mai à la place des Martyrs. Un seul mot d'ordre pour cette manifestation: le changement. Une autre manifestation, celle des étudiants. Ils passent à la vitesse supérieur. «Nous allons observer un sit-in devant la Présidence de la République», a averti un étudiant de l'université de Boumerdès. Les étudiants des universités et des grandes écoles mènent le même combat. Ils posent les problèmes profonds dont souffre l'Université algérienne. Leur action a fait tache d'huile. A telle enseigne que les enseignants de l'Université des sciences et des technologies Houari-Boumediene (Usthb) de Bab Ezzouar, l'une des plus grandes en Afrique, ont appelé à «la tenue des assises de l'Université». Cet appel a sanctionné l'assemblée générale de ces enseignants, tenue mardi dernier. Le secteur du transport est, également, en ébullition. Après les cheminots, les transporteurs publics montent au créneau. «Nous n'excluons pas le recours à la grève au cas où notre revendication liée au gel des lignes de transport n'est pas satisfaite», a menacé le président de la Fédération nationale des transports, contacté par nos soins. Pour leur part, les dockers comptent paralyser le port d'Alger. Le vent de la protestation souffle, aussi, du côté des gardes communaux. Ils comptent rester sur l'élan de la démonstration de force qu'ils ont réussie, lundi, devant l'APN. Les représentants de ce corps paramilitaire ont fixé un ultimatum de 15 jours au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, pour qu'il réponde à leurs doléances. Les feux de la colère ont atteint les chômeurs. Ces derniers comptent organiser un sit-in à la place des Martyrs. Ce sit-in se tiendra au lendemain du 49e anniversaire du cessez-le-feu. Une date qui rappelle la nécessité d'établir le bilan de ce qui a été fait depuis.