Les étudiants maintiennent la décision de tenir un sit-in devant la Présidence de la République, lundi prochain. L'Université algérienne est dans tous ses états. La rupture entre les étudiants et le ministère de l'Enseignement supérieur est, désormais, consommée. Les étudiants ont décidé de passer à un palier supérieur. Ils ont décidé de s'adresser, directement, au Président de la République. «Nous allons organiser un sit-in devant la présidence de la République, lundi prochain. Nous allons soumettre, à M.le Président, une lettre qui exprime notre inquiétude par rapport à la situation précaire que vit l'Université actuellement», a déclaré Yahia, étudiant à l'université de Boumerdès et l'un des délégués nationaux des universités, joint hier par téléphone. L'abrogation, récente, du décret présidentiel n°10-315 du 13 décembre 2010 fixant la grille incidiaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires, remplacé par le décret n°11-97 du 28 février 2011 ne suffit pas pour calmer la colère des étudiants. «Ce décret n'a été que la goutte qui a fait déborder le vase. Les problèmes au sein de l'Université sont beaucoup plus nombreux et plus profonds», a déploré Yahia. Le constat est amer: l'Université agonise. Etudiants et enseignants interpellent les autorités. Les uns expriment leurs inquiétudes profondes par rapport à la situation qui prévaut dans les campus, les autres proposent des alternatives. La mobilisation des étudiants a relancé le débat sur l'impératif de tenir les états généraux de l'Université. «L'Université est dans une situation d'exception qui nécessite la tenue de ces assises», a soutenu Amar Djadoune, maître de conférences et syndicaliste à l'Université des sciences et technologies Houari-Boumediene (Ustb), contacté hier par nos soins. Qu'en est-il des thèmes principaux de ces états généraux? «Nous allons nous réunir ce mardi pour arrêter des propositions de thèmes sur lesquelles doivent s'articuler ces travaux», a indiqué M.Djadoune. La résolution liée à ces assises a sanctionné l'assemblée générale des enseignants de l'Usthb, tenue lundi. «L'assemblée générale, soucieuse de l'avenir de l'Université algérienne, réaffirme nécessaire la tenue des états généraux de l'Université», lit-on dans la déclaration issue de cette réunion. L'élite de la société se met en branle. Elle lance le débat sur le passage de l'ancien système vers celui du LMD. Ce passage fait l'objet des assises organisées, à l'échelle nationale, par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Elles se déroulent du 27 février au 27 mars. Le hic est que ces séances sont rejetées par les étudiants grévistes. «Non aux solutions de replâtrage. Il est grand temps d'établir un diagnostic honnête de la situation de l'Université», a tranché Yahia. Ce dernier a précisé que le combat des étudiants du système LMD et du cursus classique est le même. «Il s'agit de réhabiliter la valeur du diplôme universitaire», a expliqué le délégué de la coordination nationale des étudiants. Il a, en outre, dénoncé les tentatives de provoquer un conflit entre les étudiants du système LMD et ceux de l'ancien système. «Nous ne voulons pas de situation conflictuelle avec les étudiants du cursus LMD», a-t-il assuré. L'introduction de ce système pose un problème pédagogique. «Le système LMD est incompatible avec la situation économique du pays, marquée par la destruction du tissu industriel», a expliqué M.Djadoune. Il a, aussi, évoqué un autre volet de la question: l'absence de bilan de l'ancien système. Il a, aussi, mis l'accent sur la nécessité de «réhabiliter le diplôme universitaire national». La communauté universitaire revient, également, sur l'obligation de démocratiser l'Université. «Il ne peut y avoir d'Université sans responsables élus par la communauté», a martelé M.Djadoune. Etudiants et enseignants conditionnent la relance réelle de l'Université par sa démocratisation.