25 années passées au service d'une frange vulnérable de la société, avec une mensualité qui plafonne à 14.000 DA. La wilaya d'Oran vit ces derniers jours au rythme des mouvements de protestation répétés. Hier, ce sont les éducateurs spécialisés dans l'éducation des déficients mentaux qui ont observé un sit-in de contestation devant le siège de la wilaya d'Oran et demandé à rencontrer le wali. «Nous voulons, par notre démarche, informer la wilaya que nous sommes abandonnés», a expliqué Hassan Chargui, représentant des éducateurs ajoutant que «notre démarche vise à l'affiliation des éducateurs au ministère de la Solidarité nationale ou bien à celui du Travail». Selon Hassan Chargui «le décret ministériel 282 ratifié le 15 mars 1988 par le ministère de la solidarité nationale est dépassé tandis que l'Etat s'est désengagé de ses responsabilités en ne reconnaissant ni notre formation ni nos diplômes». L'enjeu est de taille. Ainsi, dans leur action, les protestataires accompagnés de leurs familles et plusieurs déficients mentaux ont appelé la tutelle (ministère de la Solidarité nationale) à se pencher sérieusement sur leur cas par l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles dont la reconnaissance de leurs diplômes en tant qu'éducateurs des déficients mentaux et l'augmentation des salaires. «La satisfaction de cette revendication passe par sa prise en charge par le ministère de la Solidarité nationale», ont affirmé les présents rencontrés hier sur les lieux de la protestation. Ce qui semble motiver les protestataires à passer à l'action sont, contre toute attente, les lenteurs observées par la tutelle quant à la révision des salaires des éducateurs des déficients mentaux. «25 années passées au service d'une frange de la société exceptionnelle tandis que notre mensualité, plafonnée à 14.000 da, n'a pas connu grand changement», ont déploré plusieurs autres contestataires qui ont juré par tous les saints de porter leurs revendications au plus haut niveau Ainsi, les éducateurs des déficients mentaux ont, selon plusieurs de ces derniers, été laissés à leur triste sort malgré les différents mouvements de protestation, annonçant leur malaise social, observés ces derniers temps. Le plus récent remonte à la semaine dernière: plusieurs dizaines d'éducateurs ont marqué un arrêt de travail dans le centre de Maraval. Aussi, le choix porté sur la Journée nationale des handicapés pour montrer au créneau, n'est pas un fait du hasard. «Il est vrai que le 14 mars est une journée exclusive aux personnes aux besoins exceptionnels, mais en même temps que cette date, faut-il prendre en compte le malaise social qui ronge ces hommes et ces femmes qui veillent, de jour comme de nuit, sur l'éducation des déficients mentaux?» se sont interrogés plusieurs protestataires. Et d'ajouter: «Le combat des déficients mentaux et celui de leurs éducateurs est le même.» Et Hassan Chargui, représentant des éducateurs des déficients mentaux d'ajouter: «Nous voulons faire de cette occasion, à travers laquelle la soit disant prise en charge des handicapés est avancée en grande pompe, une journée de protestation et ce pour démontrer la réalité du terrain». «Cette journée est plutôt une risée nationale», a dénoncé Mohamed Abdelkader dans sa chaise roulante, dans un coin au centre-ville, amadouant les passants. A Oran, la situation des handicapés est loin d'être reluisante. Quelque 40 aveugles se sont retrouvés devant un avenir incertain après qu'ils aient été «libérés» par leur gagne-pain, l'usine de fabrication de balais et ce, sans que ces derniers ne soient indemnisés ni même bénéficié des cotisations leur permettant une retraite décente faute d'avoir accompli la durée d'exercice exigée par la loi, c'est-à-dire les 30 années.