La France, la Grande-Bretagne, le Qatar, la Norvège et le Canada ont d'ores et déjà annoncé une participation à l'opération militaire. L'adoption de la résolution 1973 par le Conseil de sécurité a fait, sans doute, la joie des habitants de Benghazi, mais aussi aiguisé les appétits. Le vote de cette résolution intervient alors que l'opposition libyenne est en perte de vitesse face à l'armée restée fidèle au guide libyen. Survenue quelques jours après la demande de la Ligue arabe, de l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, cette nouvelle donne change considérablement les rapports de force entre opposants et pro-El Gueddafi. La journée d'hier a connu une avalanche de réactions et de décisions toutes aussi cruciales que guerrières. La coalition internationale s'organise et tente de faire le bilan de ses capacités et aides qu'elle peut avoir de la part de différents pays. A ce titre, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré jeudi que son pays était prêt à participer à des frappes aériennes pour stopper les troupes fidèles à El Gueddafi et surtout de les priver de leur aviation militaire. D'autres pays comme la Norvège, le Danemark et la Belgique ainsi que le Qatar et les Emirats arabes unis sont également susceptibles d'apporter des moyens, soit pour participer à la zone d'exclusion avec des chasseurs F-16, soit pour aider à une éventuelle opération humanitaire avec des avions de transport. D'autres pays soutiennent l'initiative et la résolution du Conseil de sécurité, mais ne participeront pas activement à son application, à défaut de moyens, comme c'est le cas de la Hongrie et de la Bulgarie. Ou tout simplement par rapport à la distance qui sépare leurs pays respectifs de la Libye, à l'exemple de l'Australie. D'autres pays sont prêts à participer partiellement. La Pologne est, par exemple, prête à offrir ses avions de transport, mais exclut sa participation à une force de frappe en Libye, a déclaré hier le ministre polonais de la Défense, Bongdan Klich. Au nombre des grandes et moyennes puissances, prêtes à s'engager directement dans l'offensive contre El Gueddafi, la coalition menée par les principales puissances militaires de l'Otan dispose d'assez de moyens sur terre, air et mer pour mener à bien sa mission face aux modestes forces libyennes, même si la discrétion sur le dispositif exact est d'usage. Face à l'armada occidentale, la Libye ne peut opposer qu'une vingtaine au plus de chasseurs Soukhoï 22 et 24, les vieux MIG et Mirage n'étant plus, pour la plupart, pleinement opérationnels. Cela dit, le plus grand danger pour les avions de la coalition viendrait des batteries mobiles de missiles sol-air, SA8 à basse altitude et SA2, SA5, SA6 à plus haute altitude. Dans cette perspective, la coalition aura certainement recours à des drones de surveillance aérienne. De son côté, le dirigeant libyen avait mis en garde contre toute offensive sur la Libye, menaçant de «transformer en enfer la vie» de ceux qui attaqueraient la Libye, avant que ne soit annoncée la fin de toutes les opérations militaires en application de la résolution votée par le Conseil de sécurité, a indiqué hier le ministre des Affaires étrangères libyen Moussa Koussa. Il a affirmé que son pays, étant membre à part entière des Nations unies, était «contraint d'accepter la résolution du Conseil de sécurité». Un cessez-le-feu immédiatement rejeté par les insurgés libyens. Toutefois, l'annonce de l'arrêt des opérations militaires d'El Gueddafi n'a pas eu d'effet sur le grand travail d'organisation, entamé depuis hier par les différents pays de la coalition, à croire que ce que peut dire désormais El Gueddafi ou les membres de son gouvernement n'ont plus d'importance.