«Il est important pour moi de réaffirmer, ici au Maroc, qu'il n'y a pas eu de changement dans la politique des Etats-Unis». La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a répondu très clairement, lundi, à Marrakech, à la question de savoir si la nouvelle administration américaine soutenait, comme la précédente, le plan d'autonomie marocain. Mme Clinton ne s'est cependant pas trop étendue sur le sujet. Elle s'est contentée d'assurer le minimum attendu par ses hôtes marocains sur la question du Sahara tout en les encensant, trop lourdement, au sujet des progrès démocratiques... Mme Clinton a indiqué que les Etats-Unis ont «regardé avec beaucoup d'admiration les progrès que le Maroc a accomplis» sous la direction du Roi Mohamed VI, en particulier «les réformes qui ont accordé de nouvelles libertés aux femmes». Tant pis si, le Maroc, comme le reste des autres pays maghrébins, connait une glaciation et des régressions qui sont aux antipodes de la démocratie... Mme Hillary Clinton confirme que dans sa fonction, elle exprime le retour «au réalisme», c'est-à-dire, une correction drastique des velléités de changement de politique de Barack Obama. On l'a vu sur le Proche-Orient où, après avoir exigé un gel des colonies, l'administration américain s'est mise à encenser le gouvernement de Benyamin Netanyahu, de manière tellement indécente que même les chefs d'Etat arabes «amis» ont eu un hoquet d'indignation. Sur le Sahara occidental, il faut bien admettre que l'administration Obama n'a pas émis de message significatif indiquant qu'elle allait changer d'attitude par rapport à l'administration précédente. Ce sont plutôt des interprétations de certains journaux espagnols et algériens qui ont cru percevoir un changement d'optique de l'administration américaine. Ce qui a poussé des journaux madrilènes c'est qu'une lettre adressée par Barack Obama au roi du Maroc, en juillet 2009, évoquait pour la première fois la question du Sahara occidental, sans mentionner, comme cela était le cas de l'administration précédente, l'offre d'autonomie marocaine. Dans cette lettre, le président Obama souhaitait que Christopher Ross, l'émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental, puisse parvenir à «promouvoir un dialogue constructif». «J'espère que Christopher Ross, un diplomate chevronné ayant une large expérience de la région, pourra promouvoir un dialogue constructif entre les parties». De Jérusalem à Marrakech C'était effectivement la première fois que le président américain évoquait la question du Sahara. Il l'a fait de manière très générale. Tellement générale que des journaux madrilènes ont cru percevoir une possibilité de changement avec l'administration Bush, qui ne ratait pas une occasion d'encenser le plan d'autonomie marocain. Les Marocains eux-mêmes ont semblé s'en inquiéter. Des journaux algériens, à partir de cette base ténue, ont cru percevoir un changement de position des Etats-Unis. La déclaration de Mme Hillary Clinton à Marrakech montre que les Etats-Unis ne sont pas sortis de la coalition occidentale (Paris, Madrid..), qui cherche à imposer le plan marocain comme un substitut à l'exercice effectif du droit à l'autodétermination. Pour autant, il ne faut pas s'attendre à ce que les Américains deviennent plus «actifs» dans un Maghreb qui continue à ne pas faire partie de ses priorités. Mme Clinton a été volontairement concise sur la question du Sahara. Elle satisfait bien entendu les responsables marocains... Mais elle ne va pas se mettre à exercer des pressions sur l'Algérie, comme ils le souhaitent. Tout comme pour le Proche-Orient, Mme Clinton rétablit «l'ordre» perturbé par les discours d'Obama. Les Etats-Unis ne cherchent pas à changer les choses, mais à maintenir le statu quo. C'est le sens des messages qui ont été transmis à Jérusalem et Marrakech.