Les Touareg algériens resteront-ils en marge de ce qui se passe en Libye? La crise actuelle en Libye est sur le point d'engendrer une transformation géostratégique radicale dans le Sahel. Aucun n'est en mesure de contrarier la thèse selon laquelle les plus importantes tribus touarègues qui peuplent cette zone, notamment celles du Niger et du Mali, nourrissent un profond attachement à El Gueddafi, lesquelles, selon des sources très bien informées, se sont alignées du côté du leader libyen pour assurer ses arrières. Et c'est ce que vient de confirmer Bérengère Grimoud, analyste Maghreb/Sahel du Bureau veille et analyse risques pays du groupe GEOS en indiquant «Kadhafi a fait appel aux Touareg du Mali et du Niger afin de sécuriser le sud du pays, en vertu d'un accord datant de 1980. Le retour de ces derniers dans leurs territoires d'origine, pourrait déstabiliser davantage encore une zone sahélienne déjà fragilisée». C'est une évidence selon des observateurs, puisque ces alliés d'El Gueddafi seront confrontés, non seulement à ce qu'on appelle les révolutionnaires «armés» libyens, mais feront face aussi aux réseaux terroristes de ce qu'on prétend Al Qaîda au Maghreb islamique dans un contexte de guerre civile. Un fait notable qu'il ne faut pas ignorer dans cette situation, le guide libyen est à l'origine de la création de la grande association des Tribus touarègnes dans le Grand Sud et réussi même, comme le souligne cet analyste, à mettre fin en août 2008 à la rébellion au Mali et au Niger. C'est dire que le leader jouit d'une grande confiance parmi les Touareg. Néanmoins, cette alliance va sûrement engendrer un plus grand malaise sécuritaire, pour ne pas dire une somalisation du Sahel, mais, avec l'intervention militaire souhaitée par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d'Amérique, c'est un territoire en guerre à l'image de l'Irak ou de l'Afghanistan que le monde verra naître. Inutile de rappeler aux puissances occidentales, qui prétendent instaurer la justice et la démocratie, que la leçon n'a pas été comprise, encore moins apprise, donnant par cette attitude à Al Qaîda toutes les raisons d'exister encore. Des sources sécuritaires avertissent sur un recrutement massif soulignant qu'Al Qaîda est en possession d'armes lourdes. Et au rythme où vont les événements, l'équation déjà compliquée entraînera l'infiltration des mercenaires. L'insécurité dans toute la zone va durer dans le temps et dans l'espace entraînant une importante déstabilisation dont les conséquences, auront des répercussions sérieuses sur les pays voisins. Si l'Algérie s'est opposée clairement à une intervention militaire c'est en connaissance de cause. Les Touareg algériens resteront-ils en marge de ce qui se passe? Toute la question repose sur comment préserver la sécurité au Sahel? Il est peut-être trop tard, confient des sources sécuritaires, le plus important maintenant est d'intervenir pour sécuriser les frontières.