Le monde assiste à l'émergence, par la voie des urnes, de nombreuses formes de courants extrémistes suivant les cultures et traditions de chaque peuple. La déferlante islamiste n'a toujours pas fini de souffler sur le monde musulman. Si en Algérie les dangers semblent écartés depuis le recul spectaculaire de la tendance dite «soft» et la fin politique, diplomatique et militaire du terrorisme, il est difficile d'en dire autant pour d'autres pays tels que le Maroc. Ce royaume, à force de fricoter avec les islamistes dans ses entreprises visant à déstabiliser notre pays, a fini par se laisser prendre dans les rets de ce cancer innommable. De graves dangers le menacent. La Turquie, Etat laïque, qui semblait avoir pris toutes ses précautions, vient, elle aussi, de subir un terrible revers. Chassés par la porte, ses islamistes, genre BC-BG, viennent de revenir en force...par la fenêtre. Les mêmes personnes, dirigées par un leader privé de ses droits civiques à cause de ses déclarations violentes et extrémistes, recyclées dans un autre parti, viennent de triompher lors des législatives de dimanche. L'Europe n'y comprend rien. L'événement fait la une de presque tous ses journaux. Normal. La Turquie négocie la dernière ligne droite avant son entrée dans la communauté européenne. Dur retour de manivelle pour le Vieux Continent qui, longtemps, a, lui aussi, servi de sanctuaire aux tueurs islamistes au nom de la liberté, des droits de l'Homme et de la démocratie. L'Europe, du reste, fait face à une autre forme d'extrémisme, l'extrême droite. Cette mouvance a pris beaucoup de poids dans de nombreux Etats du Vieux Continent. Des représentants de ce courant politique, tels que l'Autriche, ont même réussi à grimper jusqu'au poste, tant convoité, de Premier ministre. En France les choses ont été encore plus graves. La patrie de la tolérance et de la culture universelle a failli se doter d'un président xénophobe. Seul un ultime sursaut situé à la lisière de l'antidémocratie a permis d'écarter momentanément le danger. L'extrême gauche, aussi, n'est pas en reste. Elle se faufile et prend régulièrement du poids au sein des Parlements, y compris en Algérie qui est le seul pays au monde où un parti trotskiste réussit à se doter d'un groupe parlementaire. La gauche, pour la première fois de l'histoire du Brésil, vient de prendre le pouvoir. Ces grands changements dans les mentalités, pour ne pas dire les tendances politiques planétaires, doivent forcément répondre à un réflexe instinctif de défense contre la mondialisation qui menace le devenir identitaire et physique de l'écrasante majorité de la population. Les tenants de ce nouvel ordre mondial, avec les Américains, les institutions financières internationales et les grandes firmes devraient en prendre de la graine et revoir leur politique avant que les mouvements extrémistes ne prennent encore plus d'ampleur et ne se mettent, à leur tour, à menacer la planète tout entière. Sans doute, les attentats du 11 septembre étaient-ils une sérieuse alerte que bien peu d'observateurs avaient su les mesurer à leur juste valeur.