Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a indiqué, jeudi au Caire, qu'il demanderait prochainement des mandats d'arrêt concernant des crimes contre l'humanité en Libye. Le procureur Louis Moreno-Ocampo a expliqué que son équipe enquêtait sur sept cas où des forces de sécurité auraient tué des civils non armés au début de la révolte contre le dirigeant libyen, Mouamar El Gueddafi. «Nous progressons très vite dans cette enquête», a dit M.Moreno-Ocampo, qui s'est entretenu au Caire avec des responsables égyptiens et de la Ligue arabe. «Nous avons globalement confirmé les incidents lors desquels des civils, non armés, ont été tués entre le 15 et le 27 février», a-t-il ajouté. «Maintenant nous essayons de définir qui est responsable de ces meurtres, qui a donné les ordres?», a précisé le procureur. M.Moreno-Ocampo avait annoncé le 3 mars l'ouverture d'une enquête pour crimes contre l'humanité en Libye visant, notamment le colonel Mouamar El Gueddafi et ses fils. C'était la première fois depuis la création de la CPI en 2002, que le procureur ouvrait aussi rapidement une enquête. Il avait été saisi le 26 février par le Conseil de sécurité des Nations unies. «Nous espérons pouvoir présenter le premier dossier très rapidement. Donc, pour nous, la prochaine étape sera de demander des mandats d'arrêt et c'est que nous allons faire d'ici quelques semaines», a-t-il dit. Il a précisé que la demande serait faite quelques semaines après avoir informé le Conseil de sécurité de l'avancée de l'enquête, le 4 mai. A la question de savoir si un mandat d'arrêt serait demandé contre le colonel El Gueddafi, il a déclaré: «Nous suivrons les preuves». Interrogé sur le nombre de mandats, il a dit: «quelques-uns». «Le crime contre l'humanité renvoie à une attaque généralisée et systématique contre une population civile et je crois fortement que nous disposons d'éléments prouvant les deux, qu'elle est généralisée et systématique», a affirmé le procureur. La CPI est le premier tribunal permanent chargé de poursuivre des auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide commis depuis 2002.