Tous les chemins de la contestation mènent vers Alger. «Le printemps chez nous ne dure pas». Terrible sentence de Mouloud Mammeri qui ouvre son roman La Colline oubliée. Elle se vérifie, encore, en ce mois d'avril. La contestation bat son plein. Grèves, sit-in, marches et émeutes sont au menu. Aujourd'hui, les gardes communaux haussent le ton. Ils observent un rassemblement devant la Présidence de la République, à Alger. «Nos revendications n'ont pas été satisfaites. Nous avons risqué nos vies pour notre pays. Pour cela, nous nous adressons à notre Président, car nous savons qu'il saura nous écouter», a annoncé Hakim, un garde communal, joint hier par téléphone. Les feux de la colère sociale se propagent à tous les secteurs. Celui de la santé est en ébullition. Médecins résidents et paramédicaux sont au front de la contestation. «Nous maintenons notre grève illimitée jusqu'à la satisfaction de nos revendications», a précisé le Dr Mohamed Sahnoune, porte-parole du Collectif national des médecins résidents algériens (Camra), contacté par nos soins. Même son de cloche chez les paramédicaux. Ces derniers ont décidé de renouer avec le débrayage ouvert. «Nous allons observer une grève illimitée à partir du 11 avril prochain», a averti le secrétaire général du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), Lounès Gachi. Le bras de fer entre les résidents et les paramédicaux, d'une part, et le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, d'autre part, s'accentue. A ce rythme, le fonctionnement des centres hospitaliers du pays risque d'être fortement perturbé. Tous les segments de la société se sont mis en branle. Le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) se met au diapason de cette contestation. Il a pris la résolution d'observer une grève nationale, mercredi prochain. Elle touchera «les différents secteurs de la Fonction publique», tel que mentionné dans un communiqué, signé par le secrétaire général, Belkacem Felfoul, qui a sanctionné la réunion du bureau politique du Snapap, tenue jeudi, à Alger. Un autre mouvement protestataire se prépare. Ce tsunami provient des universités et des grandes écoles. La Coordination nationale autonome des étudiants a lancé, récemment, un appel à «tous les étudiants algériens à une marche nationale millionnaire et pacifique le mardi 12 avril 2011». L'élite de la société a rejeté les réponses de la conférence nationale sur l'université, tenue le 27 mars, et présidée par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. La communauté estudiantine est à l'avant- garde d'une dynamique sociale qui s'inscrit dans la durée. Aujourd'hui encore, les militaires radiés observent leur 10e jour de sit-in ouvert devant la Présidence de la République. D'autres secteurs font également face à cette colère sociale. Pour preuve, les employés de la Direction générale du contrôle économique et de la répression des fraudes (Dgcerf) sont en disgrâce avec leur tutelle. Ils ont mené une grève de trois jours tout récemment. Pis, ils ont menacé de remettre ça au cas où leurs revendications ne sont pas satisfaites. Pour leur part, des experts comptables, des commissaires aux comptes et des comptables ont observé un sit-in devant l'APN, mercredi dernier. Tous les chemins mènent à Alger...la capitale de la contestation. La Coordination nationale pour le changement démocratique (Cncd-aile RCD) a renoué, hier, avec les samedis de la colère. Ce qui risque de provoquer un incendie politico-social, à l'approche du 20 avril, une date fortement symbolique.