Cet événement international se poursuit aujourd'hui au CCF avec un programme des plus riches. Lieu de rencontre, de partage mais aussi de conflit et de guerre, la Méditerranée a fait l'objet d'une table ronde, mardi dernier au Centre culturel algérien, à la faveur de l'événement «Le Printemps des poètes» qui a débuté le 5 et s'étalera jusqu'au 7 avril. En prélude à cette fête des mots, encadré par la poétesse Samira Negrouche et placée sous le signe des «Poètes de la Méditerranée»- eu égard à la publication par Gallimard d'une anthologie de près de 1000 pages sur une centaine de poètes méditerranéens provenant de 64 pays différents- il a été organisé un tour de table afin de faire mieux connaissance avec ces artisants des vers et sonder leur rapport à la poésie partant de leur définition sur ce qu'est la Méditerranée. Pour Stratis Paschalis de Grèce, la Méditerranée fait écho à cette lumière, cette mer de liberté éclatante croisée à sa descente de l'aéroport d'Alger. «la Méditerranée c'est la matrice des anciennes civilisations mais c'est aussi le lieu des grands amalgames des peuples», fait-il remarquer. Stratis Paschalis, qui se réclame de jean Grenier un des maîtres à penser d'Albert Camus, se lèvera contre certains poètes qui tombent dans le mimétisme en copiant la poésie anglaise ou hollandaise reniant leur spécificité. Pour sa part, la poétesse algérienne d'expression amazighe Hadjira Oubachir revendiquera avec ténacité la part d'amazighité qui est en elle comme partie prenante de la Méditerranée, «un refuge» cette langue étant également sa «patrie» comme le soulignera Angélique Ionatos chanteuse, musicienne et compositrice grecque. «dans les contes kabyles, on retrouve ces mythologies de la Méditerranée, à quelque différences près. Car nous partageons les mêmes couleurs, les mêmes senteurs et les mêmes gestes». Pour sa part, Habib Tengour, poète algérien vivant à l'étranger, la mer Méditerranée est avant tout synonyme de «déchirement, de rupture et d'exil» car marqué très tôt par les sirènes du bateau de son enfance. Pour le Portugais Casimiro de Brito, qui se déclarera «être un Arabe de qualité» eu égard aux Arabes qui ont peuplé jadis le Portugal, la Méditerranée est une «mer souple» car regroupant des populations diverses qui se ressemblent toutes en ce qu'elles ont de bien comme de mal. « Un poète c'est un arbre qui marche, la poésie méditerranéenne est plus sentimentale. Nous sommes partout les mêmes en Méditerranée. Si nous lisons bien cette anthologie on constatera cette similitude». Enfin, pour Angélique Ionatos ayant quitté son pays natal à l'âge de 14 ans, revenir aux racines a été de tout temps son obsession. Une catharsis traduite dans la musique aujourd'hui où elle libère son trop plein d'émotion d'artiste écorché vif. «Je me suis rendu compte que je ne pouvais chanter qu'en grec. Ma patrie était la poésie.». Quand je la vois, Angélique me fait penser à une île», avouera Samira Negrouche Après les palabres, place au vers ciselés nimbés d'émoi et de confessions intimes puisqu'il sera question de lectures étrennées par les poètes Bernard Noël (l'invité d'honneur), Edith Azam, Mohamed Bennis et Abderrazak Boukebba, accompagnées d'interventions musicales de Angélique Ionatos et du compositeur musicologue algérien Noureddine Saoudi. Et ce n'est pas fini, car le Printemps des poètes se poursuit aujourd'hui au CCF avec un programme des plus riches! un seul bémol, cependant comme dira le poète: «La poésie a inventé le monde mais le monde l'a oubliée». Quand on voit le nombre restreint des participants mardi dernier au CCF, l'on comprend mieux cette citation. Gageons qu'il y aura plus de monde aujourd'hui, jeudi.