Alger a justifié sa crainte par la circulation des armes en Libye et la présence croissante d'Aqmi dans la région. La situation en Libye et ses répercussions sur la stabilité et la sécurité de la région, le Sahara occidental et la coopération bilatérale, sont autant de sujets qui font débat entre Alger et Londres. Ces trois chapitres ont constitué les grands axes de la conférence de presse co-animée avant-hier par Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines et Alistair Burt, secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères, chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. L'Algérie a réitéré son inquiétude quant aux répercussions négatives que provoquerait la situation en Libye sur la sécurité de la sous-région. A ce titre, M.Messahel a rappelé que «la crainte» de l'Algérie est justifiée par la circulation des armes en Libye, d'une part, et par la présence croissante d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) dans la région. Les deux parties ont évoqué, dans le même cadre, les répercussions de la crise ouverte en Libye sur la sécurité et la stabilité régionale, particulièrement dans la région du Sahel où «les groupes terroristes qui y activent peuvent exploiter la situation créée pour accaparer un armement lourd et sophistiqué de nature à mettre en péril la sécurité dans cette région et bien au-delà». M.Messahel a expliqué que les partenaires de l'Algérie ont été informés de ce danger. Alistair Burt a rappelé, quant à lui, que les deux pays «ont une relation étroite dans le contre-terrorisme». Sur le même chapitre, M.Messahel a rappelé à son interlocuteur britannique que l'Algérie estime qu'il reste encore de la place au dialogue avant d'avoir recours à la force et à la violence. Il a expliqué, par la même occasion, la position de l'Algérie qui, dès le début de la crise libyenne, a appelé au dialogue entre toutes les parties pour une issue pacifique L'Algérie, par le biais de M.Messahel, a réitéré son appel, une fois de plus, à un cessez-le-feu «immédiat», à l'ouverture des discussions inter-libyennes pour parvenir à une solution libyenne avec une feuille de route de l'Union africaine. Comme il a insisté sur «la mise en place d'un mécanisme pour l'observation et la vérification du cessez-le-feu qui n'a pas été prévue par la résolution 1973 du Conseil de sécurité». Les deux responsables ont abordé, également, la question du Sahara occidental. Le ministre d'Etat britannique a souligné qu'il est «urgent» de trouver une issue à ce conflit, eu égard notamment aux raisons supplémentaires dictées par la situation dans la région. «Il est urgent de régler le conflit du Sahara occidental en prenant en considération les autres problèmes de la région», a-t-il affirmé. M Burt a précisé que la Grande-Bretagne soutient les efforts de l'ONU pour une solution qui «soit mutuellement acceptée par toutes les parties au conflit». M.Messahel a réaffirmé le soutien de l'Algérie aux efforts du secrétaire général de l'ONU visant à trouver une solution politique au conflit, prévoyant l'autodétermination du peuple sahraoui, conformément à la doctrine des Nations unies et aux règles du droit international en la matière. Au sujet du partenariat économique entre les deux capitales, les conférenciers se sont réjouis des relations commerciales bilatérales. Grâce à un volume d'échanges dense et diversifié, l'Algérie est devenue le premier partenaire économique et commercial du Royaume-Uni dans la région du Maghreb, selon M.Messahel. «Sur le plan commercial, le volume des échanges avoisine les deux milliards de dollars», a-t-il relevé. L'Algérie exporte pour plus d'un milliard de dollars, essentiellement en hydrocarbures et en produits dérivés, et importe du Royaume-Uni pour environ 800 millions de dollars en équipements et produits alimentaires. La coopération entre les deux pays est de plus en plus remarquée dans le domaine des investissements, dans le secteur de l'énergie dans lequel la compagnie pétrolière British Petroleum est l'un des premiers investisseurs en Algérie. Dans le domaine judiciaire, la coopération algéro-britannique est caractérisée par la conclusion de plusieurs accords, alors que dans les secteurs culturel, scientifique et technique, ainsi que dans celui de la défense, cette coopération a connu une «évolution positive», a-t-il souligné.