La décision que doit prendre le président irakien déterminera le sort futur de l'Irak. Le Parlement irakien, convoqué en réunion extraordinaire par Saddam Hussein en vue de statuer sur la dernière résolution de l'ONU, a recommandé hier, à l'unanimité de ses 250 membres, le rejet de la résolution 1441 du Conseil de sécurité de l'ONU. Cependant, les députés irakiens, s'ils estiment que le Parlement exprimait «la position du peuple irakien vis-à-vis de cette résolution de mauvaise foi», comme le déclarait le président du Parlement Saddoun Hammadi, laissent toutefois toute latitude au président Saddam Hussein, qui «jouit d'une sagesse et d'un courage réputés face au conflit d'adopter l'action qu'il juge nécessaire». Déjà, les Etats-Unis exigeaient que la décision d'acceptation de la résolution 1441 vienne de Saddam Hussein lui-même, comme le déclarait la conseillère présidentielle pour la sécurité nationale américaine, Condoleezza Rice, selon laquelle «tout le monde sait que (l'Irak) est une dictature absolue et que c'est Saddam Hussein qui décide. J'espère qu'il comprendra qu'il est enfin temps que l'Irak respecte ses obligations». Semblant parler au nom des parties «amies de l'Irak» qui ont infléchi la position américaine, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a, pour sa part, affirmé qu' «il appartient à Saddam Hussein, et à Saddam Hussein personnellement, de satisfaire à l'obligation internationale. Aujourd'hui, c'est l'intérêt de son pays, c'est l'intérêt de son peuple et il doit le faire (...) Si Saddam Hussein n'obtempère pas, s'il ne satisfait pas à ses obligations, le recours à la force sera alors bien évidemment confirmé». Autant dire que tous les acteurs de la crise irakienne attendent de Saddam Hussein qu'il se prononce personnellement en acceptant, ou en rejetant, la résolution 1441 ayant pour objet le désarmement de l'Irak. Que va faire Saddam Hussein? De fait, de sa décision dépendra le sort futur de l'Irak aujourd'hui plus que jamais menacé d'une guerre, dont la moindre des retombées serait le démantèlement du pays. Il ne faut pas s'y tromper, le président Bush n'attend que l'occasion de donner l'ordre d'attaque à son armée. Ainsi, le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld indique: «Il n'y a pas de doute, si le président des Etats-Unis l'estime, la force est nécessaire en Irak et que les forces armées américaines sont parfaitement capables de changer ce régime, trouver les armes et les voir détruire». Selon le New York Times, de ce week-end, il existerait au Pentagone, un plan d'attaque qui devrait mobiliser 250.000 militaires, en plus des troupes que la Grande-Bretagne est prête à appeler. Comme le Conseil de sécurité a donné un délai d'une semaine à l'Irak pour se prononcer sur la résolution 1441, (notifiée à Bagdad le 9 novembre), il est probable que le Conseil de commandement de la révolution (CCR, la plus haute instance dirigeante irakienne), se réunisse aujourd'hui ou demain, ou au plus tard vendredi, la veille de l'expiration du délai. La communauté internationale semble dire à Saddam Hussein, on ne joue plus, il faut maintenant vous déterminer, faute de quoi c'est la guerre. Oudéi Saddam Hussein, fils aîné du président irakien, qui avait recommandé au Parlement d'entériner la résolution 1441, a également affirmé que si jamais il y a la guerre, «nous n'attendrons pas que les flèches soient lancées en notre direction pour y faire face. (...) Il faut que nous prenions l'initiative du refus et de l'action armée contre la partie qui nous veut du mal». Apparemment chaque partie semble se préparer à la guerre comme si celle-ci est aujourd'hui inéluctable. Cependant une guerre dans le Golfe se solderait par des pertes de vies immenses. Selon une étude publiée par la Mapw (Médical Association for Prévention of War, groupe de médecins pacifistes), les pertes, si une guerre était déclenchée contre l'Irak, pourraient se chiffrer à près d'un demi-million de morts, en cas de guerre conventionnelle, ce chiffre pouvant atteindre le nombre de quatre millions de morts, pour le cas où les armes nucléaires seraient utilisées. Washington qui affirmait, lundi, que les Etats-Unis n'avaient pas besoin du feu vert de l'ONU pour sanctionner l'Irak, avait annoncé qu'au cas où l'Irak «ne se plierait pas à ses obligations il serait attaqué». La balle est dans le camp de Saddam Hussein. Que va-t-il décider?