Les narcotrafiquants exploitent l'instabilité pour acheminer des quantités importantes de drogue en provenance du Maroc. Le trafic d'armes, de drogue et le flux migratoire prennent de l'ampleur à la faveur la révolution et du conflit armé en Libye. Autrement dit, l'insécurité et l'instabilité dans les pays limitrophes donnent libre cours aux trafiquants d'armes et narcotrafiquants. Selon M'hend Berkouk, spécialiste dans les questions sécuritaires, «ils ont besoin d'un environnement d'insécurité pour écouler leurs marchandises, mais aussi de garants de leur sécurité, en l'occurrence les terroristes». Et de poursuivre: «Les groupes terroristes peuvent profiter et exploiter la situation qui prévaut aux frontières entre l'Algérie, la Libye et la Tunisie pour s'offrir des armes en quantité.» En assurant la sécurité pour les réseaux de trafics de tout bord, les terroristes bénéficient en contrepartie de grosses sommes d'argent et des armes. La gestion sécuritaire des événements en Libye constitue un véritable problème pour l'Algérie. «Les événements sont susceptibles de provoquer des dommages collatéraux pour l'Algérie qui partage ses frontières avec la Libye, se trouvant en guerre», explique le Pr M'hend Berkouk. Il estime que la sécurisation des frontières algériennes, s'étendant du nord-est- jusqu'à à l'extrême sud, pose un véritable défi pour les services de sécurité, tout corps confondus (ANP, gardes-frontières et bien entendu les services de renseignements). Ils sont appelés à passer à la loupe tout mouvement qui se déroule au niveau des frontières algéro-libyennes. Donc, la première question qui se pose est d'ordre sécuritaire. De grosses quantités d'armes d'assaut sont entre les mains des belligérants, qui ne sont pas en réalité «identifiés» en termes d'appartenance politique ou organisationnelle. Ces armes, soutient le Pr M'hend Berkouk, spécialiste des questions sécuritaires, peuvent tomber entre les mains de terroristes et de réseaux de tout bord, dont les ramifications s'étendent jusqu'à la région sahélo-saharienne. De ce fait, l'expert fait savoir que d'autres menaces sont ainsi susceptibles de se présenter à nos frontière sans que des garanties soient données par les parties concernées par le conflit armé en Libye. Dans le même contexte, il indique que la sécurité des frontières algériennes avec la Libye peut être en péril. Ainsi, il suggère que cette question bénéficie d'une profonde réflexion de la part des spécialistes et des services de sécurité. Et d'ajouter qu'il y a des puissances occidentales, qui sous prétexte de réhabiliter l'ordre en Libye et protéger les civils, sèment cependant le désordre et l'insécurité. A la prolifération des armes s'ajoute également le trafic de drogue. D'autant que la Libye est un pays de transit de drogue provenant de l'Afrique subsaharienne. Les narco-trafiquants profitent de la situation sécuritaire et sociale en Libye, en Tunisie et en Egypte. Le Pr Berkouk souligne qu'ils exploitent cette instabilité pour faire acheminer des quantités importantes de drogue en provenance du Maroc vers le Moyen-Orient et l'Europe en passant par ces pays où les services de sécurité sont mobilisés pour le maintien de l'ordre. D'énormes quantités de drogue transitent par l'Algérie. A ce sujet, le lieutenant-colonel Lalmas, commandant de groupement de la wilaya de Batna, a déclaré, lors de la saisie de 3 tonnes de drogue à Batna, que nombre de réseaux tentent, aujourd'hui, d'acheminer une importante quantité vers le Moyen-Orient à travers la Libye et l'Egypte profitant de la dégradation de la situation sécuritaire et sociale dans ces pays.