«On ne peut pas reprendre le travail comme le demande le ministre de la Santé», disent les résidents. «Deux jours de pourparlers pour quel résultat?» s'interrogeaient les médecins résidents juste après la clôture de la conférence nationale des recteurs des facultés de médecine. «L'intention est bonne, les propositions sont tout aussi bonnes. Mais espérons que ce ne soit pas que des paroles», s'inquiètent-ils. Les résidents qui perçoivent cela comme un pas en avant, déplorent cependant que quelques revendications pédagogiques n'ont pas encore trouvé d'issue favorable telles que les examens intercalaires. C'est ce qu'atteste le Dr Sahnoune, porte-parole du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra): «Pour nous, il y a du bon dans ces propositions pédagogiques, mais nous restons un peu perplexes quant à leur application. En plus, le problème des examens intercalaires n'est pas encore réglé.» Il ajoute que le collectif veut «du concret». «Pas de promesse sans lendemain», selon les résidents. Pour ce qui est de l'appel du ministre de la Santé, Djamel Oueld Abbès, qui les exhorte à reprendre leurs postes et mettre fin à leur grève, le Camra via son représentant le Dr Sahnoune, rétorque: «Qu'il satisfasse d'abord nos demandes.» Le Dr Sahnoune révèle que malgré la présence du ministre de la Santé aux côtés de celui de l'Enseignement supérieur aux assises de cette semaine, «aucune des revendications qui concernent le département de la Santé n'est satisfaite». «Il n'y a que les revendications pédagogiques qui ont été traitées, ce qui veut dire celles dépendant de M.Harraoubia», tient-il à préciser. De ce fait, les résidents confirment que leur grève ne s'arrêtera que lorsque toutes leurs revendications seront pris en compte, en particulier le service civil qui est la base de toute négociation et ensuite le statut qui est pour les résidents une question de dignité. «Le ministre de la Santé n'a pas réglé nos doléances, le dialogue avec lui s'est même interrompu et là, il demande à ce qu'on reprenne le travail!» relate le Dr Sahnoune. Il estime qu'il faut qu'un accord même de principe soit trouvé pour que la question du gel ou non de la grève soit abordée. Par accord de principe, il parle de l'abrogation de l'obligation du service civil qui soit notifiée dans un document officiel avec une feuille de route à suivre pour arriver à cette fin. Cette feuille de route devrait toutefois, être appliquée dans des délais raisonnables. Les propositions faites lors de l'atelier consacré aux résidents ne sont pour eux que l'arbre qui cache la forêt. Même si, par exemple, l'augmentation de l'allocation pour la recherche passait de 15 mille à 30.000 dinars, ou encore la labellisation des services médicaux avec des cahiers des charges à suivre, permettent un tant soit peut de crever l'abcès. «A l'heure actuelle, les programmes datent de l'ère des dinosaures, pas d'objectifs, non-utilisation de la Bibliothèque nationale comme plate-forme de formation, programmes de spécialité mal orientés, les cahiers des résidents sont entreposés aux Archives nationales...», ironise pour sa part un autre résident en parlant des recommandations de l'atelier. Pour montrer que ces assises n'ont pratiquement rien changé à la situation, le Camra a organisé un sit-in devant le ministère de la Santé. Ce rassemblement avait pour objectif d'appuyer les médecins spécialistes nouvellement diplômés, qui veulent élaborer une pétition dénonçant la fiche de voeux. Cette dernière concerne le choix de l'affection pour le service civil. En effet, ce choix se faisait auparavant lors d'une séance plénière et par ordre de mérite. Mais depuis cette année, il a été décidé que l'affectation se fasse avec une fiche de voeux, ce qui est, d'après ces médecins, «une méthode qui manque de transparence». En plus, avec cette fiche de voeux, le médecin ne connaît pas l'hôpital où il sera affecté, mais seulement la wilaya. «Nous soutenons nos confrères contre cette pratique opaque, mais il faut signaler que nous sommes toujours contre le service civil», conclut le Dr Sahnoune.