«Comment permettre l'accès au remboursement et aux médicaments pour tous?», tel a été l'objectif assigné aux 20es Journées pharmaceutiques nationales étalées sur deux jours (hier et aujourd'hui) à l'hôtel Sheraton d'Alger. Ce séminaire, qui a été organisé par la Société algérienne de pharmacie sous le haut patronage du ministère de la Santé, intervient dans un contexte particulier pour la santé des Algériens. En effet, le pays qui est secoué par une grave pénurie en médicaments, aspire à une nouvelle stratégie en matière de système de santé. Celle-ci aura pour but de stabiliser le marché du médicament, qui est livré aux spéculateurs qui dictent leur loi. L'amélioration du système de santé actuel, qui date des années 1970, devrait pérenniser le remboursement des médicaments tout en permettant à la sécurité sociale de diminuer des dépenses faramineuses. Mais cet objectif ne peut être atteint sans la redéfinition des priorités en faisant le bilan général du système actuel. Ce bilan qui fera «l'état des lieux», doit impérativement être suivi d'une politique nationale de la pharmacie. Pour la réussite de cette politique, l'ensemble des acteurs du secteur doivent s'impliquer. C'est-à-dire les collectivités locales, les ministères de la Santé, du Commerce, les officines, les importateurs et même les citoyens. C'est dans cette concordance et avec ces objectifs, qu'a été organisé ce séminaire, qui, signalons au passage, est une initiative à saluer, la Société algérienne de pharmacie ayant pris les choses en main pour en finir avec les flous qui entourent la profession de pharmacien. Ainsi, de chauds débats ont suivi chaque séance. Les thèmes étaient divers et très évocateurs, comme par exemple: «Le système de santé et économie», «Couverture sociale et accès universel aux soins et services», «Pharmaco-economie et nouvelles tendances dans la fixation des prix des produits pharmaceutiques», «Le circuit de distribution des produits pharmaceutiques». Les sujets de ce colloque ont été présentés par divers experts et pharmaciens venus des quatre coins du monde entre autres, Suisse, Etats-Unis, France et bien sûr, les nationaux. Ces spécialistes ont présenté les stratégies adoptées par leurs pays respectifs où il ont eu à travailler. Parmi ces experts, citons le Pr Gérard Pouyou de Pouvourville, enseignant en économie et management de la santé à l'Essec, Paris. Ce professionnel de renom a bien voulu donner son avis à L'Expression, sur le système de santé algérien. Il nous affirme d'emblée: «Je suis venu pour apporter ma modeste contribution dans le projet algérien, avec mes connaissances du système français et d'autres systèmes européens sur tout ce qui concerne le remboursement des médicaments et d'autres technologies innovantes. En évaluant économiquement ces deux volets et ainsi corriger les défaillances constatées.» Pour le Pr De Pouvourville, de telles journées, permettent de «présenter les aspects positifs et négatifs vécus par les autres pays». Pour ce qui est du système médical algérien,le Pr De Pouvourville le compare à celui de la France, car il est généreux, il dépense sans trop se préoccuper du sort de ses finances. Le seul souci pour ce genre de système est de couvrir un maximum de citoyens. Mais il estime que les autorités des deux pays ont pris un autre virage avec la tentative de contrôler ces systèmes. Pour lui, le système algérien n'a pas que des points négatifs, bien au contraire, l'adoption d'un système national de sécurité sociale est une très bonne chose. Surtout que c'est le seul modèle qui assure l'égalité devant les soins, l'équité et la solidarité entre les riches et les pauvres. Il se dit également prêt à apporter son aide à l'Algérie en assurant des formations de haut niveau dans l'économie et le management de la santé. Pour conclure, le Pr De Pouvourville conseille aux autorités de prendre le problème du système de santé à bras le corps car il nécessite beaucoup de courage politique et de temps.