Les perturbations et les dysfonctionnements qui caractérisent actuellement le marché du médicament ne laissent pas les pouvoirs publics indifférents. La multiplication des rencontres avec les différents intervenants du secteur, depuis quelques semaines, témoigne de cet intérêt porté à l'industrie pharmaceutique. Après deux réunions avec les opérateurs de la pharmacie, organisées par le ministère de la Santé et présidée par Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, c'est au tour du Conseil de la nation de ramener le débat au sein de son institution. Initié par la commission santé, présidée par le Pr Rachid Bougherbal, une journée parlementaire a été consacrée jeudi au médicament. Une rencontre à laquelle ont pris part les représentants des pharmaciens d'officines (Snapo), les pharmaciens hospitaliers, les producteurs nationaux (UNOP), les importateurs, les ministres de la Santé, du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale et des experts. Impliqués, les députés et les sénateurs dans un tel débat laisse entendre que de nouvelles dispositions, voire de nouvelles lois, sont sur le point d'être soumises aux deux chambres, à l'instar de la nouvelle loi sanitaire qui consacre un chapitre important au médicament. L'incontournable agence nationale du médicament a été au centre des débats. Elle est la pierre angulaire, selon les différents intervenants, pour instaurer une véritable politique nationale du médicament. Ce qui constitue une exigence, a recommandé le Pr Pierre Chaulet. Pour lui, il est temps de rationnaliser le médicament, et non pas rationner le médicament. «La rupture de médicaments est une réalité qu'il ne faut pas nier, et elle est le résultat d'une non-maîtrise de la gestion des stocks. Des erreurs ont été commises par le passé. Il est temps de penser à l'avenir et trouver des solutions adéquates en réunissant toutes les compétences», a-t-il souligné. Le président de la Société algérienne de la pharmacie, M. Benhamdine, a, quant à lui, mis l'accent sur l'urgence de l'installation de l'agence nationale du médicament qui, selon lui, est l'unique moyen qui pourrait réguler ce marché. Un organisme régi par un texte de lois datant de 2008, mais non encore promulgués, sera chargé de l'enregistrement, du contrôle et de l'expertise du médicament. Une institution qui sera, a-t-il indiqué, dotée de moyens financiers importants et qui sera sous la responsabilité d'un conseil d'administration, un conseil scientifique et un directeur général. La formation est la seconde recommandation de la société algérienne de la pharmacie par l'introduction dans le cursus universitaire de la filière industrie pharmaceutique et des modules de gestion pour les pharmaciens. Le président de la section du Snapo d'Alger est revenu sur l'idée de la chaîne de pharmacie, pour assurer une meilleure disponibilité du médicament et un meilleur approvisionnement. M. Zemmouchi a insisté sur le rôle du pharmacien d'officine dans la promotion du médicament générique, l'instauration du tarif de référence et la carte Chifa, mais il regrette que les mesures d'accompagnements «promises» par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale n'ont pas suivi, telles que les marges bénéficiaires qui sont encore à ce jour fixées par la loi de1985. Le vice-président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), M. Aït Saïd, est revenu sur la situation actuelle du marché du médicament en Algérie, en comparaison avec les pays du maghreb. Il a relevé que la production nationale a connu une nette progression en l'espace de deux années, qu'elle peut aussi atteindre l'objectif des 70% envisagé par les pouvoirs publics, mais à condition que des mécanismes de fonctionnement soient mis en place. Il ainsi fait référence à la révision des cahiers des charges, à l'enregistrement, au remboursement, au contrôle des unités de production, à la responsabilité pharmaceutique, etc. Le ministre du Travail et de la sécurité sociale, Tayeb Louh, ainsi que son directeur, M. Bourkaïb, ont, à travers leurs communications, tenté de montrer que de leur côté les choses sont déjà au point par les mécanismes relatifs au remboursement du médicament, qui a atteint les 82 milliards de dinars en 2009, l'action de solidarité traduite par le tiers payant, la carte Chifa et les conventionnements avec les médecins et pharmaciens. Est-ce ce qui manque pour lancer une réelle industrie pharmaceutique? Djamel Ould Abbès a déclaré à la presse que la question du médicament est aujourd'hui une des priorités du secteur. «Le décret portant création de l'agence du médicament sera présenté au gouvernement le mois de décembre prochain. Cette agence sera sous l'égide du ministère de la Santé», a-t-il insisté. En attendant, les opérateurs souhaitent que toutes ces rencontres donneront leurs fruits, et voir leurs propositions et recommandations se concrétiser sur le terrain.