El Gueddafi pourrait faire l'objet de poursuites pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre à grande échelle. Le sénateur américain, John McCain, est arrivé hier à Benghazi pour une visite dans le bastion des rebelles libyens. Le sénateur est l'un des plus fervents partisans au Congrès des opérations militaires en Libye, est la plus haute personnalité américaine à se rendre dans les territoires contrôlés par les rebelles en Libye depuis le début du soulèvement mi-février. Le sénateur américain a rencontré, dans la journée d'hier, les dirigeants du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion qui siège à Benghazi, principale ville de l'Est libyen. Une visite officielle d'un sénateur des Etats-Unis d'Amérique, ne traduit-elle pas une reconnaissance -ne serait-ce que partielle- du CNT? Les Etats-Unis vont-ils, à leur tour, après l'Italie, la France et le Qatar (et depuis hier de la Gambie) vers une reconnaissance de l'opposition libyenne? Se démarquant de ses alliés tout en restant assidus, les Etats-Unis donnent l'impression de ne pas vouloir prendre les rênes, tout en refusant de rester à la traîne. Ayant joué un rôle prépondérant dans le renversement de régimes autoritaires depuis les attentats du World Trade Center en 2001, ce recul du leadership américain, ouvre la voie à des interrogations qui, pour le moment, demeurent sans réponses Certitudes ou tentatives de manipulation! Les Etats-Unis, ont clairement affirmé que l'option d'envoyer des troupes au sol était «exclu», ils ont même retiré leur participation à la garantie d'une zone d'exclusion aérienne, décidée par le Conseil de sécurité de l'ONU et dirigée par l'Otan. Soutenant ardemment une intervention militaire en Libye, M.McCain qui a plaidé le 13 avril pour que les Etats-Unis s'engagent de nouveau militairement aux côtés de la coalition internationale, assurant que l'Otan manque de la force de frappe nécessaire, a réussi à obtenir une certaine présence militaire américaine en Libye. Pour permettre une plus grande précision dans les frappes de la coalition internationale, en évitant en particulier les victimes civiles, le secrétaire américain à la défense, Robert Gates, a annoncé que deux drones «armés» (les mêmes qui font des ravages parmi les taliban en Afghanistan et au Pakistan) seraient en permanence engagés au-dessus de la Libye. C'est là une prédisposition américaine à bombarder la Libye, en violation des termes de la résolution 1973. La théorie d'une manipulation, dans le but de brouiller les pistes et de s'attribuer une certaine marge de manoeuvre, par les Etats-Unis, ainsi que certains pays de la coalition concernant une éventuelle intervention militaire au sol libyen, semble se consolider. L'ancien candidat républicain à l'élection présidentielle de novembre 2008, n'est resté qu'une dizaine de minutes dans le centre de la ville, où se trouve le quartier général du CNT. Avant son départ de Benghazi, le sénateur américain John McCain, en visite dans le bastion rebelle libyen, a appelé hier la communauté internationale à reconnaître le Conseil national de transition mis en place par la rébellion comme «la voix légitime du peuple libyen» A Benghazi toujours, l'avocat français Philippe Moriceau, vice-président de l'ONG Avocats sans frontières France (ASF), a déclaré lors d'un entretien, que son ONG évoque des «crimes contre l'humanité et crimes de guerre à grande échelle» à l'encontre du colonel El Gueddafi, dont elle va informer la Cour pénale internationale. De son côté, Le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) a déclaré hier, craindre un exode massif des populations des montagnes de l'ouest de la Libye, après la fuite de 15.000 Libyens en Tunisie ces deux dernières semaines. Sur le terrain, des tirs de mortier on touché mercredi, à Misrata, deux médecins ukrainiens, tuant l'homme et blessant grièvement sa consoeur. Depuis plusieurs jours, des combats secouent l'Ouest libyen, plus de 100 personnes avaient été tuées le week-end dernier à Nalout et Yefren. Les forces loyales au dirigeant libyen ont aussi attaqué, cette semaine, une station de pompage dans un important site pétrolier de l'Est, tuant huit agents de sécurité, a affirmé hier un responsable du groupe pétrolier proche de la rébellion.