Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a réitéré avant-hier que le sujet de la libre circulation des personnes constitue une préoccupation de la partie algérienne. Le flux migratoire remettra-t-il en cause l'accord de libre circulation des personnes en Europe? La France vient de jeter un pavé dans la mare. Paris réfléchit à la possibilité d'une suspension provisoire de Schengen. La présidence française justifie sa démarche par l'afflux de migrants venus de la Tunisie et de la Libye, via l'Italie. Pour la France, la gouvernance de cet accord est «défaillante», actuellement. «La gouvernance de Schengen est défaillante (...) Ce qu'il nous semble, c'est qu'il faut réfléchir à un mécanisme qui permette, lorsqu'il y a une défaillance systémique à une frontière extérieure (de l'Union européenne) d'intervenir, en prévoyant une suspension provisoire, le temps que la défaillance soit réglée», affirme t-on du côté de Paris. Cette question a suscité, déjà, des réactions controversées au sein de l'UE. Pour la Commission européenne, l'accord en lui-même ne prévoit pas de suspension. Aux termes du code Schengen, seule une «menace grave pour l'ordre public ou la sécurité intérieure» peut «exceptionnellement» justifier la réintroduction du contrôle aux frontières, durant une période limitée d'une durée maximale de trente jours, éventuellement renouvelable tant que la menace subsiste. Loin de ce bras de fer, franco-européen, les observateurs de la scène nationale commencent à s'interroger sur les impacts que pourrait avoir sur l'Algérie une éventuelle suspension par la France de cet accord. Pour ces derniers, la partie algérienne ne peut rester indifférente sur une question qui la concerne d'une manière indirecte. L'Algérie et l'Union européenne sont liées par un Accord d'association qui comprend, entre autres, le volet de la libre circulation des personnes. Sur ce sujet, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a réitéré avant-hier que le sujet de la libre circulation des personnes constitue une préoccupation de la partie algérienne. Et d'affirmer que cette question nécessite une prise en charge bilatérale. «La question de la libre circulation des personnes, nous sommes en train de la gérer bilatéralement. L'UE est en train de mettre en place un système européen et non pas un système porté par chaque pays, nous devons nous aussi porter notre voie», a t-il dit vendredi sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Sans aller par trente-six chemins, le diplomate algérien a déploré les maigres résultats enregistrés dans ce chapitre. Pour M.Medelci, les résultats restent insuffisants. Pis, ils risquent de freiner, selon le ministre, ce partenariat. «Des résultats qui ne sont pas suffisants, malgré les efforts, il y a encore un frein au niveau de l'attribution des visas, et par conséquent, il y a un frein sur ce partenariat.» Le chef de la diplomatie algérienne réitère que Alger insiste sur ce volet plus que les autres. «Ce partenariat ne doit pas seulement porter sur le flux des capitaux, les flux de la marchandise, mais doit porter d'abord sur les ressources humaines». A la lumière de ces données, il reste à savoir à quel point et jusqu'à quel niveau une éventuelle suspension des accords de Schengen par la France peut avoir ses conséquences sur l'Algérie? Les mêmes observateurs avancent, également, que des citoyens algériens gagnent Paris par les portes des pays européens, à l'image de la Belgique, l'Espagne et l'Italie. Le durcissement des mesures prises par la France au niveau de ses aéroports en matière de contrôle était à l'origine de raccourci. D'un autre côté, d'autres observateurs estiment que pour les Algériens une éventuelle suspension pourrait ne pas avoir un impact direct sur l'Algérie, dans la mesure où la France reste la première destination de la grande majorité des Algériens. De ce point de vue, un visa délivré par les services consulaires français en Algérie suffira aux Algériens pour entrer en Hexagone. A noter que le sujet relatif au visa a toujours été au centre de polémique. Loin de la polémique entre l'Algérie et la France, la controverse est déclenchée au coeur de l'Europe, notamment entre Paris et Rome. Ce dossier de l'immigration est un des points les plus sensibles du sommet franco-italien qui se déroulera mardi prochain à Rome, avec le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi et le président français Nicolas Sarkozy.