La révision du statut des hydrocarbures et du foncier agricole continue d'attiser le feu de la campagne électorale précoce pour les présidentielles 2004. Les protagonistes de la scène politique sont sur tous les fronts, tant les enjeux qui découlent de la libéralisation ou non de ces deux secteurs économiques sont importants et nombreux. Pour rappel, les premiers couacs de la politique du chef de l'Etat, depuis son investiture en avril 1999, a été la fameuse dépêche Reuters qui a jeté un pavé dans la mare en révélant que l'armée empêchait le président Bouteflika de se doter d'un gouvernement composé de ses hommes de confiance. Depuis, la chose économique n'a jamais aiguisé autant les appétits, aussi bien des partisans que des opposants à la libéralisation totale de ces deux secteurs clés de l'économie nationale. Encouragée par l'absence d'un débat contradictoire sur les motivations profondes des deux projets de loi et sur leurs retombées économiques, la polémique par presse interposée a pris des relents de lutte de clans avec en toile de fond, la mainmise mercantile sur ces richesses nationales. Et c'est dans ce contexte, qu'un chapelet de partis politiques auxquels s'est joint un partenaire social influent est amené à faire des appels du pied à l'armée pour les sauver du déluge présidentiel annoncé, surtout avec le lancement par Bouteflika de ses trois chantiers de réforme (justice, école et structures de l'Etat). Cependant, sur le plan gouvernemental, l'hésitation du cabinet Benflis à débattre des deux textes de loi avec les députés et la démarche de son ministre de l'Energie et des Mines, qui agit souvent en dehors de la tutelle gouvernementale, laissent penser que le Président Bouteflika a fini par se convaincre que seul un second mandat lui permettra de triompher sur ces deux registres. Mais l'Algérie ne vivant pas en autarcie et les défis extérieurs aidant, un grand recentrage politique est perceptible ces jours-ci dans le sens de l'assainissement et de l'apaisement du climat politique et l'arrêt d'un calendrier pour les différentes échéances. Sur le plan géostratégique, l'Algérie est condamnée à poursuivre son rapprochement militaire et sécuritaire dans le Bassin méditerranéen, sous peine de voir se dresser contre elle, les barricades européennes. Et puis, il y a également le spectre de l'ingérence sous prétexte «humanitaire». Un travail a été déjà entamé dans ce sens, selon les dernières sorties médiatiques de l'institution militaire. L'armée a réaffirmé son attachement à la légalité institutionnelle et appelé les différents acteurs politiques à faire autant en renonçant à l'extrémisme en abandonnant la tentation d'une nouvelle phase de transition qui n'est bonne ni pour le pays ni pour la Grande muette.