Même l'indemnité de 6000 dinars a été retirée à ces citoyens martyrs. Les victimes du terrorisme ont été empêchées hier de tenir leur sit-in à Alger. Devant le siège du Sénat, elles se sont regroupées par dizaines de personnes venues de différentes wilayas pour exiger la reconnaissance d'un statut aux familles victimes du terrorisme. «Nous revendiquons un statut pour les victimes du terrorisme», a affirmé Mme Radia Ben Daho, épouse d'un journaliste tué en 1994. Ces familles revendiquent des droits au même titre que ceux accordés aux terroristes dans le cadre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. «Nous ne sommes pas des veuves heureuses pour oublier ce que nous avons subi. Je n'ai pas enterré un chien pour pardonner à ceux qui n'ont pas demandé pardon», s'insurge Mme Ben Daho. Plusieurs dizaines de personnes ont exprimé pendant des heures devant le siège du Sénat, leur colère à la face des sénateurs qui passaient et des policiers qui les encerclaient. Selon de nombreux protestataires, dès leur arrivée sur les lieux où ils se sont donné rendez-vous pour observer leur sit-in, les agents de police les ont vite éloignés de l'entrée du Sénat. Une délégation de 7 personnes a été reçue par le vice-président du Sénat, Abderrezak Bouhara. Une plate-forme de revendications de 8 points lui a été remise par les représentants des victimes du terrorisme. «Nous réclamons une journée nationale pour les victimes du terrorisme et une stèle pour déposer une gerbe de fleurs à chaque fois que nous voulons rendre hommage aux sauveurs de l'Algérie», ont-ils revendiqué. Les protestataires se disent victimes également des mesures prises par l'Etat dans le cadre de la réconciliation nationale et envisagent de créer une coordination nationale des victimes du terrorisme pour lutter contre leur marginalisation, a souligné Mme Ben Daho. Ces personnes sont venues d'Alger, Blida, Médéa, Tizi Ouzou, Chlef, Mostaganem... «On est là en tant que victimes», a clamé Bahi Larbi. «Je n'ai reçu aucun dinar de la part de l'Etat depuis huit ans en dépit de l'engagement écrit du wali de Relizane de m'octroyer une aide mensuelle de 6000 DA. Une indemnité qui m'a été suspendue au bout d'une année», a-t-il signalé. Bahi a rapporté la tragédie de la famille de feu Mohammed Mohamed, assassiné par les terroristes laissant derrière lui une femme et quatre filles. La femme décède à son tour et les filles croupissent aujourd'hui dans la mouise. Sans aucune indemnité et sans aucune aide, a-t-il déploré. Boutebal Mohamed de Relizane, a réclamé le déblocage urgent de leurs indemnités gelées depuis 2002. «Les terroristes ont assassiné mes 11 enfants (9 garçons 2 filles) et ont détruit et brûlé ma maison. Je suis blessé par balles. Je ne suis pas victime du séisme pour qu'on m'appelle victime de la tragédie nationale. Je suis victime du terrorisme et je veux un statut», a-t-il revendiqué. «Les services de la wilaya m'ont retiré la carte Chifa que le ministre de la Santé m'a remise lui-même lors de sa visite dans la wilaya de Relizane», a-t-il clamé.