Le spectre du pourrissement plane sur les collectivités locales. Après treize jours de grève illimitée, les portes du dialogue restent fermées. Au 11e jour de la grève des communaux, qui a pratiquement paralysé la quasi-totalité des 52 communes de la wilaya de Béjaïa, les intéressés ont fait une démonstration de force en organisant une manifestation de rue sans précédent. En effet, ils étaient très nombreux à répondre à l'appel de leur syndicat, le Snapap en l'occurrence, pour marcher tout le long du boulevard de la Liberté, de l'esplanade de la Maison de la culture vers le siège de la wilaya. «Les communes sont totalement paralysées malgré les tentatives de briser notre mouvement en utilisant le personnel recruté soit dans le cadre du filet social ou dans le cadre du pré-emploi», nous déclare M.Kerkour, premier responsable du conseil de wilaya du secteur des communes et membre du conseil national du secteur des communes (Cnsc) affilié au Snapap. En plus des même slogans brandis depuis l'entame de leur mouvement de grève tels «Non à la misère, pour un salaire digne», «Non à la discrimination salariale» «Pour l'intégration des vacataires et des contractuels» «Abrogation immédiate de l'article 87 bis de la loi 90-11» et «Pour une répartition équitable des richesses du pays et une retraite digne», les syndicalistes ont ajouté un autre slogan dénonçant les intimidations et autres entraves de l'administration. Lors de la prise de parole improvisée durant leur rassemblement devant le siège de la wilaya, le conseil du secteur des communes dénonce en effet «les pressions, les intimidations exercées par l'administration sur les grévistes et autres entraves à l'exercice du droit syndical» Un télégramme, recommandé par le wali de Béjaïa, signé par le directeur de l'administration locale (DAL), adressé aux présidents des APC et aux chefs de daïra, exhorte ces derniers à «réquisitionner l'ensemble du personnel des communes en grève afin de reprendre ses fonctions. En cas de refus d'obtempérer, il faut procéder au dépôt de plainte à l'encontre de ce syndicat», peut-on lire dans ladite instruction administrative. Ce qui n'a pas été sans provoquer la colère des syndicalistes qui ont été soutenus par une grande partie des présidents d'APC qui ont refusé d'appliquer cette directive et ont tenu, d'ailleurs à afficher leur soutien en participant à la marche de jeudi dernier. «Notre grève est légale et légitime. Nous avons assuré le service minimum dans tous les secteurs publics vitaux conformément à la réglementation en vigueur. Nous dénonçons avec force et énergie les pressions et les intimidations de l'administration visant à réquisitionner les agents des communes pour casser la grève», fustige M.Kerkour avant d'ajouter: «Les autorités cherchent ni plus ni moins le pourrissement. Sinon comment expliquer le fait que toutes les portes du dialogue restent encore fermées devant une telle mobilisation sans précédent. Le système en place a choisi son camp en favorisant tout simplement le syndicat maison. C'est bien dommage mais ça ne diminue nullement de notre détermination». Par ailleurs, le Snapap compte saisir les organisations nationales et internationales de défense des libertés de l'activité syndicale dont le bit qui a l'habitude de tenir son assemblée générale au mois de juin de chaque année.