S'agit-il d'une dérive sanglante du Gspc? Deux attentats terroristes ont été perpétrés à quelques heures d'intervalle, faisant 9 morts et 3 blessés dont une femme dans un état grave. Les deux attentats se sont produits à Aïn Rich, dans la wilaya de M'sila, et El-Ancer, dans la wilaya de Jijel, et sont imputables aux groupes locaux du Gspc, hégémonique dans les deux régions. Le premier attentat a ciblé, dans la nuit de mercredi à jeudi, une famille d'un patriote. Les terroristes, dont le nombre n'a été déterminé par aucune source, ont pris d'assaut la maison de Chakoun El-Hadi, 39 ans, faisant partie d'un GLD. Le patriote a été surpris par l'attaque et n'a pas eu le temps d'user de son arme. Il a été abattu sur le coup, ainsi que deux de ses fillettes, âgées de 3 et 5 ans, sa femme a été sérieusement touchée par balle. La maison de ce patriote, située en retrait des habitations du lieu-dit El-Mouzina, a été une cible relativement facile pour le groupe d'assaillants qui a vraisemblablement bénéficié d'une aide intérieure pour savoir que Chakoun El-Hadi possédait une arme. Aucune source n'a précisé si celle-ci avait été subtilisée par le groupe terroriste. Quelques heures plus tard, vers 11h, jeudi, et à quelque 200 km plus loin, sur la route M'sila-Aïn Rich, une bombe éclate sur le passage d'un taxi. La forte puissance de l'engin explosif a provoqué la mort de six passagers, et blessé grièvement les autres. Ces nouvelles tueries portent le bilan à quelque 230 personnes assassinées depuis le début de l'année, avec une recrudescence des actes terroristes depuis la fin de l'été. La période d'accalmie constatée depuis le début juin, suivie du démantèlement spectaculaire du «groupe des 16», cellule algéroise du GIA, puis la neutralisation du «groupe des trois», affilié au Gspc, et activant lui aussi en plein centre d'Alger, n'a été que de courte durée. Dès la fin août, les massacres se transposent dans les wilayas limitrophes des monts de l'Ouarsenis, notamment à la wilaya de Chlef qui comptabilise à, elle seule, près de 130 personnes assassinées. Le fait nouveau dans les deux derniers attentats, ce sont les dispositions des groupes locaux du Gspc de s'attaquer aux villageois. La stratégie traditionnelle de Hassan Hattab et ses hommes était jusque-là d'épargner les citoyens afin de gagner leur soutien. Stratagème qui a permis au Gspc de s'implanter profondément dans la Kabylie et les wilayas de l'Est et de multiplier ainsi les réseaux de soutien et d'aide. La région de M'sila reste une zone de transhumance des hommes de Abderazak le Para, lieutenant des lieutenants de Hassan Hattab, qui y a séjourné plusieurs fois à partir de 1999, avant de pousser vers l'Est, après les coups qui lui ont été portés en 2000 et 2001, provoquant d'immenses pertes dans les rangs du Gspc local, dont un des fiefs de prédilection demeure, à ce jour, les monts rocailleux et occupés de Maâdidh lesquels permettent plusieurs passages de Bouira vers M'sila. Le Gspc, qui reste la plus structurée et la plus importante des organisations terroristes, avec près de 380 hommes armés, selon une estimation établie par les services de l'armée, tend, ces derniers mois, à étendre l'aire de son activité, afin peut-être de laisser respirer l'état-major qui a été soumis, dans ses fiefs de la Kabylie, à une poussée des militaires. Les services de sécurité, tous corps confondus, sont la principale cible des hommes de Hattab, mais l'atomisation des quartiers-généraux peut provoquer une prolifération des groupes qui passent outre à la stratégie initialement établie (1998) pour une violence tous azimuts.