Le séisme de Boumerdès a relancé le débat sur les techniques de construction et les moyens de prévention. «L'étude risques est confiée à de simples agents», a révélé Mohamed Boubekeur, expert en risques majeurs à l'occasion de la table ronde sur la sécurité des grands projets, organisée au centre de presse du quotidien El Moudjahid. Déplorant l'attitude de responsables qui font preuve de légèreté en confiant des dossiers aussi sensibles à des personnes n'ayant reçu aucune formation en la matière, Mohamed Boubekeur va encore plus loin en affirmant que l'évaluation du facteur risques et les recommandations sont reportées sur une feuille volante qu'on a parfois du mal à identifier. Un autre intervenant, Mohamed Chelghoum, expert et professeur d'université, a axé son intervention sur la reconnaissance et l'analyse des sols. «Qui dit projet, dit réalisation, qui dit réalisation, dit étude préalable. Qui dit étude préalable, dit ouvrage d'art et qui dit ouvrage d'art, dit étude des sols». Or selon lui, la reconnaissance des sols reste une exigence. Le séisme de Boumerdès l'a confirmé. «En l'espace de quelques secondes, les ouvrages réalisés, pourtant en 2001 se sont effondrés comme un château de cartes en 2003». Beaucoup d'entrepreneurs préfèrent se fier à leur expérience, plutôt que de recourir aux services de laboratoires spécialisés tels que les CTC ou le Lnhc, organismes de contrôle de l'habitat et de la construction alors que pour réaliser des ouvrages d'art, une étude géotechnique est jugée plus que nécessaire et les techniques de construction ainsi que les matériaux utilisés peuvent s'avérer salutaires en cas de séismes ou de catastrophes naturelles. Mme Hassina Hammache, ingénieur expert en construction, agréée par les tribunaux et la Cour suprême a préféré, elle, parler des constructions datant de l'époque coloniale de la Casbah construite en 1520. A l'en croire, «les constructions de l'époque ne répondaient pas aux normes parasismiques, mais les matériaux utilisés étaient bien mis en place et de bonne qualité». C'est l'exemple de la Casbah d'Alger qui a résisté à tous les séismes et à toutes les guerres. Représentant du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, Mohamed Belazougui est persuadé, quant à lui que l'Algérie dispose d'un capital expérience qui la place parmi les pays nantis en matière de construction parasismiques. «L'Algérie capitalise 35 années d'expérience parasismique», explique-t-il. Bien avant le terrible tremblement de terre de Chlef, l'Algérie était consciente des risques sismiques. Pour se prémunir, elle a établi une cartographie d'aléas sismiques, ainsi que de nombreux documents et règlements parasismiques.» Une avancée saluée par les experts du monde entier qui se sont inspirés du séisme de 1980 pour améliorer leur réglementation. Pour lui, le séisme de 2003 a fait bouger tout le monde, particulièrement le ministère des Travaux publics qui a engagé une réflexion sur la question et qui a conduit au RPA 2011. Prenant la parole à son tour, M.Lahmar conseiller auprès du ministère des Travaux publics, a abordé la question relative à la sécurisation des grands projets: «Nous avons de grands ouvrages d'art: barrages, ponts, viaducs, autoroutes. La question qui nous a longtemps hantés était de savoir s'ils étaient contrôlés et assurés». D'où l'idée d'assurer les ouvrages d'art pour une période de dix années, comme cela se fait ailleurs. «Une période jugée suffisante pour s'assurer de leur fiabilité.»