Des chants mélodieux servis par des riffs de guitare à faire fondre un iceberg. Sarah, un album à découvrir. Jeu de lumières tricolores, blanc, vert, rouge pour souligner leur présence et fumigènes sur scène. A leur apparition, les jeunes hurlent dans la salle. L'intro musicale est instrumentale, baptisée Djurdjura, un hommage rendu à nos belles montagnes algériennes. Une entrée en matière d'emblée captivante. L'esprit voyage. Les musiciens donnent à écouter et à apprécier le contenu de leur album intitulé Sarah, sorti le 2 novembre dernier. Un album, enfin après deux ans de scène, de préparation et de travail ardu. Et surtout de quête pour trouver le bon éditeur. Il s'agit de Gamma. Unis comme les doigts de la main, les cinq musiciens, à savoir Hichem au clavier, Saïd à la batterie, Toufik à la basse, Redouane à la guitare et Hakim au chant, vont donner ce soir le meilleur d'eux-mêmes. Ils débutent leur tour de chant par Litim, titre qui fait référence aux affres du terrorisme et ses victimes, les orphelins en l'occurrence. Machi Hafian entonne le chanteur. Le son clair du synthétiseur est rehaussé par les envolées lyriques de la guitare. Le rock du groupe D'zaïr chante, sur des textes en arabe dialectal, l'injustice, l'intolérance, mais surtout la paix dans le monde et l'espoir d'un renouveau meilleur. «C'est un jour un peu exceptionnel pour nous de chanter ce soir. Cela fait quatre ans que le groupe s'impose sur la scène nationale. C'est une fierté de jouer ici, ça me donne la chair de poule. Notre album est sorti il y a à peine 25 jours...», dit Hakim. Et sur ce dernier figure le titre Nadem qui revendique la lutte contre la toxicomanie. Un morceau décliné sur un tempo plus virulent, plus fort, rythmé. «Un petit blues à l'algérienne», annonce Hakim et de préciser «car le blues est né non pas aux Etats-Unis mais en Afrique, un parcours envahi par plusieurs cultures». Les yeux fermés, et ne faisant qu'un avec son instrument, Redouane nous sert des riffs de guitare à faire fondre un iceberg. De l'émotion à fleur de peau. Count n'rouh chante Hakim, c'est l'amour à l'algérienne dont il s'agit. «L'amour exilé. Il peut être une femme, un homme ou un pays...», nous a-t-on expliqué. Influencé par le rock progressif des années 70 et des groupes comme Yes, Pink Floyd ou Marillion, la musique de D'zaïr aspire à la plénitude. Profondément touchante, elle vous remue de l'intérieur. Et cela dit comme de l'extérieur. Elle envahit tout le corps. L'on ne peut en effet se soustraire au charme envoûtant du son de la guitare qui, à lui seul, est un appel de «sirène». Fatou lyem est une autre ballade triste qui brise le coeur. «On chante le côté négatif de l'amour, de ce que peut subir quelqu'un quand il perd son amour, de suicide, de folie, de souffrance qui peuvent en découler mais aussi d'optimisme, de moments de bonheur que l'on a passés, ces moments parfaits. C'est le plus important», dit Hicham. De ces plages de rock très mélodieux se mêlera le souffle généreux d'un saxophoniste. Mourad en l'occurrence. De la symbiose dans le jeu et une musique à vous donner les larmes aux yeux. «On va chanter un titre qui ne figure pas dans l'album, Omar, un hommage aux étudiants algériens qui souffrent», indique Hakim. Après Omar, c'est de Sarah dont il est question. Un nom que l'on retrouve chez les trois religions monothéistes. Aussi, un symbole de tolérance, de paix et surtout de droit. Une chanson phare, engagée pour les droits de la femme et dédiée, actualité oblige, aux Palestiniens. Très beau morceau. Ce qui fera dire à Hakim «je vois que le feeling est bien passé.» La colère à en devenir fou est le thème de sa prochaine chanson, Medjnoune. «On peut s'exprimer et dire ce qu'on ressent sans être agressif», dit-il au public en introduction. La suite du concert sera marquée par un jeu instrumental intitulé Atlas qui sortira sur leur prochain album ainsi que Mesdjoun el kadb, qui traite du mensonge. D'zaïr, qui s'envolera bientôt pour l'Allemagne pour une tournée sur invitation de la fondation Frederichehebert où il compte plusieurs dates, notamment à Bône et Berlin, nous fera goûter Berlin, un titre-clin d'oeil à ces concerts. Cet instrumental déchaîne le public et plus encore, le clou de la soirée qui le fera enfin débrider et bondir de sa chaise, El mal youeli nar qui met en exergue le mauvais usage que font certains de l'argent «première cause de nos problèmes», dira Hakim. Très chaleureux et communicatif, D'zaïr a su en effet s'imposer comme l'un des meilleurs groupes de rock en Algérie. Un rock électrique à vous donner des frissons. Des plages de fraîcheur sensorielle nées de cette fusion particulière entre le style des années 70 et la tonalité du son des années 80 autrement de la bande FM, aidé en cela par la technologie des années 90. D'zaïr, une valeur sûre dans le paysage musical algérien. Grand fut donc notre étonnement d'apprendre qu'ils n'ont pas été retenus, mieux encore, pas du tout contactés pour participer à l'Année de l'Algérie en France. A ce sujet Hakim dira: «On attend, nous, on est prêt. Si les organisateurs n'ont pas besoin de nous, nous on a besoin de l'Algérie. On porte déjà les couleurs et le nom, on aime notre pays et ceci, sans démagogie aucune». Où est donc le problème?