«Nous ne faisons pas la chasse aux transactions douteuses.» Après avoir gelé les avoirs de plusieurs organisations caritatives et de bienfaisance, soupçonnées de financer le terrorisme international, les Etats-Unis ont décidé d'actionner le Fonds monétaire international (FMI) pour exercer un droit de regard sur la gestion des finances des 162 Etats membres de cette institution de Bretton Woods. En effet, le FMI a approuvé formellement vendredi dernier un projet pilote d'un an sur le blanchiment d'argent sale dans le cadre de la lutte internationale contre ce fléau et contre le financement du terrorisme. Le conseil d'administration du FMI a officialisé ce projet pilote, qui a débuté la semaine dernière. Concrètement, le Fonds et la Banque mondiale vont appliquer pendant douze mois les recommandations spéciales et la méthodologie du Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux (Gafi) dans la surveillance qu'ils exercent régulièrement dans leurs pays membres. Autrement dit, le FMI va jouer au gendarme dans les flux financiers mondiaux. «Nous ne faisons pas la chasse aux transactions douteuses» a précisé Bill Muray, porte-parole du FMI. Le Fonds examinera plutôt «quels sont les régimes mis en place par les pays, les banques centrales et les ministères des Finances, pour mettre au jour et traiter les opérations de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme», a-t-il ajouté. Cette surveillance sera appliquée à tous les pays membres des deux institutions, a-t-il précisé. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, plus de 160 pays et administrations avaient déjà pris des mesures concrètes pour geler les avoirs des personnes ou entités soupçonnées d'avoir des liens avec les milieux terroristes, représentant environ 112 millions de dollars de fonds, avaient indiqué fin septembre les ministres des Finances du Groupe des sept pays les plus industrialisés (G7). L'Algérie a averti la communauté internationale du caractère transnational du terrorisme et ce, dès son apparition en 1992. Les mesures appliquées depuis le départ pour juguler le phénomène, notamment le tarissement des sources de financement du terrorisme se sont avérées salutaires. La preuve est que depuis les attentats meurtriers du 11 septembre 2001 contre les USA, bien des mesures de lutte contre le terrorisme et pour lesquelles l'Algérie a bataillé dans le concert des Nations, commencent à se concrétiser sur le terrain. Et parmi celles-ci, la question du financement du terrorisme. Toutefois, il est à redouter que les institutions de Bretton Woods ne forcent la main de certains Etats membres qui seraient en désaccord avec la vision américaine de la lutte antiterroriste, en utilisant le chantage financier. D'aucuns osent espérer que cette «injonction» des institutions financières lève un coin du voile qui entoure l'argent issu des rackets opérés par les terroristes du GIA et du Gspc. Enfin, la somme d'argent liée au terrorisme bloquée par les USA jusqu'à présent avoisine les quelque 113,5 milliards de dollars, dont 35 milliards aux Etats-Unis.