Les délits économiques vont crescendo depuis quelques années dans notre pays. Avec cette particularité que c´est le secteur public qui en fait les frais. C´est-à-dire que c´est l´argent du contribuable qui est dilapidé. Très, très rarement le secteur privé, comme ce fut le cas ces derniers jours avec l´affaire Coca-Cola où l´agent chargé du recouvrement a «oublié» de reverser l´argent récolté à sa compagnie. A part cet épisode, tous les autres détournements, crédits faramineux sur injonction et autres caissiers de poste qui mettent la recette dans leurs poches, se déroulent dans les institutions publiques. Les sommes vont de quelque millions de centimes à des milliers de milliards de dinars. Les scandales se succèdent à un tel rythme qu´on a l´impression d´être face à une vaste épidémie qui atteint sans distinction les agents de l´Etat à tous les niveaux. Du plus grand au plus petit. Plus d´une centaine de cadres de la Sonatrach devant les juges. Des banquiers. Des caissiers comme celui de la poste de Chéraga ces jours-ci. La liste est très longue. L´essentiel est de ne pas se contenter du constat mais de tenter d´en cerner la cause. Plutôt les causes. Il y a une cause principale qui a, par son effet boule de neige, entraîné plusieurs autres. Flash-back: avant la publication régulière des réserves de change les délits économiques étaient loin d´atteindre l´ampleur prise aujourd´hui. Nos réserves de change s´élèvent actuellement à quelque 110 milliards de dollars. Un véritable trésor, bien mis à l´abri. Aucune faille n´est laissée aux mains qui, par le passé, y puisaient en toute impunité. L´époque de la rente pétrolière ayant disparu, il fallait bien que ces mains trouvent d´autres pistes pour continuer à se remplir les poches. On ne «parraine» pas des crédits hors norme, sans y être intéressé. On ne fait pas d´injonctions aux banques gratuitement. Chez nous on ne prête pas qu´aux riches, on prête surtout à ceux qui ont le «bras long». Alors que dans le même temps, les jeunes subissent le calvaire pour des petits crédits pour monter leur PME. Le seul moyen qui reste à l´Etat pour enrayer le fléau est de prévoir le dispositif juridique idoine pour récupérer l´argent mal acquis. Car, quand un individu planque des milliards qu´il a volés et qu´il les retrouve une fois sorti de prison, il ne peut que susciter des émules dans un pays où les valeurs morales se perdent. Sans cela et tant que les recettes pétrolières restent hors de portée des «rentiers», la courbe des délits économiques ira s´aggravant.