Toute démocratie se nourrit de deux mamelles: les libertés fondamentales et...la survie. L´histoire l´a prouvé. Le bien-être du citoyen est l´essence même de toute démocratie. Sans bien-être, toute liberté reste éphémère. Dans Germinal, Emile Zola rendait compte des émeutes du pain. Le pouvoir d´achat demeure le premier baromètre de la paix sociale. Toute révolution est liée, d´une manière ou d´une autre, au pouvoir d´achat du citoyen. Aujourd´hui, il ne s´agit plus d´expliquer et de justifier la flambée des prix de première nécessité. Il y a surtout lieu de dénoncer les moyens timorés de la gestion qui est réservée à ce secteur stratégique, de même que la légèreté avec laquelle certaines personnalités de haut rang parlent de la cherté de la vie. Le bouc émissaire est tout désigné: le consommateur, dixit le ministre du Commerce. «C´est la faute aux consommateurs», a souligné M.Djaâboub pour expliquer cet état de fait. Auparavant, des parties de ping-pong se jouaient entre les ministères du Commerce et de l´Agriculture. Solidarité ministérielle oblige, on combine sur le dos du citoyen en le désignant comme source de la flambée des prix. L´improvisation règne en maître. Et dire que nos gouvernants sont censés prévoir avant de gérer. Mais c´est, semble-t-il, trop leur demander. C´est la mer à boire pour ne pas dire les travaux d´Hercule. Ils n´ont pas tort. L´entreprise est ardue. L´excédent commercial réalisé durant les 7 premiers mois de l´année, dépasse les 25 milliards de dollars, a-t-on claironné. Un jackpot raflé grâce à la flambée des prix du pétrole. Et on affiche un certain «triomphalisme» à annoncer des sommes à donner le vertige. Or, parallèlement, la flambée des prix ne connaît pas ses limites. A la seule évocation du mot, les poils se hérissent. On ne parle pas de corde dans la maison d´un pendu. Et la saison des pluies qui s´annonce ne doit pas faire illusion. La sécurité alimentaire est loin d´être assurée. D´aucuns diront que c´est une évidence. Une évidence qui se doit d´être gérée avec compétence et diligence. Elle est la condition de la paix, du développement, de la démocratie et de la survie... La crise sociale ne peut attendre comme d´autres dossiers, pourtant sensibles, dont on ne fait plus cas, sauf pour maintenir l´illusion d´un minimum de traitement: l´école, le chômage, le logement, la politique de l´eau et l´émigration clandestine. Sur ce dernier point, même les pépés prennent la clé des champs. Ce dérèglement de la machine conjugué aux querelles de clocher finiront, si rien n´est fait, de gangréner l´appareil. Le feu couve. L´expectative s´installe. Et ce ne sont pas les politiques de solidarité qui couvriront les gargouillements des ventres vides. Et dire que la meilleure façon de consolider la démocratie et ses acquis, c´est encore de faire en sorte que les populations restent en vie, tout simplement.