Bouteflika a enfin parlé de l´amendement de la Constitution. Une révision acquise, en fait, dès le moment où il en a exprimé la volonté, au début de son premier mandat, et souligné par la suite l´impérative nécessité. Pas seulement en rapport avec l´obstacle que pouvait alors constituer l´article 74, lequel stipule que le mandat à la magistrature suprême n´est renouvelable qu´une seule fois, mais aussi dans la perspective d´améliorer l´outil institutionnel. En fait, une loi fondamentale qui organise les pouvoirs entre les différents démembrements de l´Etat, n´a d´utilité pérenne que dans la clarté avec laquelle elle aménage le partage du pouvoir et son exercice, en sus de l´indépendance de ces pouvoirs les uns par rapport aux autres. Or, si la Constitution actuellement en vigueur a permis une certaine avancée dans les domaines des libertés et de gouvernance, il n´en reste pas moins qu´elle renferme nombre de manques et d´ambiguïtés relevés par les juristes et les constitutionanlistes. Donc, au- delà même du fait de permettre de postuler à un troisième mandat, la question essentielle qui mérite aujourd´hui d´être posée, et qui reste à poser, est celle ayant trait à la caractéristique du régime lui-même. Sommes-nous en régime parlementaire, présidentiel, semi-présidentiel ou autre? C´est en fait le questionnement que beaucoup se posent. En annonçant la prochaine révision de la Constitution, la justifiant par le souci «d´enrichir le système institutionnel avec les fondements de la stabilité, de l´efficacité et de la continuité», le chef de l´Etat, sans pour autant dévoiler le nombre d´articles concernés par l´amendement, ou leur contenu, n´en indique pas moins la direction dans laquelle cette révision va être effectuée. En fait, cette annonce devrait donner le coup de starter à un débat sur la Constitution, aussi court soit-il, dont la classe politique ne peut vraiment pas faire l´économie. Si la loi fondamentale de 1989, a ouvert le champ politique et celle de 1996 clarifié certaines de ses dispositions, il n´en reste pas moins que l´une et l´autre n´ont été qu´une étape dans la longue marche vers la démocratie. Tant et si bien que nous sommes toujours dans la «Première» République instaurée par la Constitution du 10 septembre 1963, laquelle a, depuis, subi des «liftings» sans pour autant que l´on puisse dire qu´il y eût changement de régime ou évolution vers la Deuxième République. Aussi, la question de l´amendement risque bien d´être dépassée si elle n´est pas posée en termes de pérennité d´un texte fondamental qui engage l´avenir de l´Algérie et des Algériens. Il faut seulement s´entendre sur ce que l´on veut pour ce pays, en lui élaborant des textes de loi qui ne soient ni ambigus, ni facultatifs. En fait, c´est là un long débat qui opposa et oppose les constitutionnalistes et juristes de tous les pays. Le silence sur cette question est d´autant plus confondant qu´une Constitution, bien ou mal faite, engage le pays sur le long terme.