Le ministre des Transports a réuni ses cadres, un vendredi, pour débattre et trouver des solutions au grave problème que pose la circulation routière dans notre pays. Tant par l´ampleur de l´hécatombe, des milliers de morts que causent les accidents, que par celle des bouchons qui asphyxient les villes. Le bon point à décerner au ministre et à ses cadres est d´avoir sacrifié leur jour de repos hebdomadaire pour tenter de solutionner nos problèmes. On aurait bien voulu qu´ils aient d´autres bons points pour toutes les solutions qu´ils proposent mais pour cela, il faudra attendre pour voir. Si pour les accidents de la route tout s´accorde à dire, en s´appuyant sur les statistiques, que la cause essentielle est due à l´homme (chauffards et piétons), pour les bouchons dans les villes c´est le parc de voitures en évolution chaque année qui est montré du doigt. Dans les deux cas, on aura vu juste. Reste la ou plutôt les solutions. Contre les chauffards et les «mauvais» piétons il faut de l´éducation, de la formation d´abord, et ensuite la répression. Un travail long, ardu et soutenu en perspective. Mais contre les bouchons, c´est plus facile dans l´absolu, mais très difficile chez nous. Quelle que soit la densité que peut prendre la circulation routière, chez nous comme ailleurs, c´est immanquablement une affaire de gestion. Il est vrai qu´au ministère il est question de plan de circulation. Différents plans ont été élaborés jusque-là. Devant la persistance du problème, on entend dire qu´il faut des mises à jour. Pour mieux «coller» à jamais les bouchons au seul plan de circulation. Sauf qu´un plan de circulation routière où la priorité n´est pas donnée aux feux de signalisation dans les villes, ne pourra jamais être un bon plan. On l´a vu avec l´interdiction des poids lourds à circuler de jour dans les villes. Le désengorgement n´a duré que le temps qu´il fallait aux camions pour donner «naissance» à plus de fourgons au calibre à peine en dessous, juste ce qu´il faut pour être en phase avec la réglementation et continuer les livraisons de jour. Alors qu´avec un vaste réseau de feux dans tous les croisements du tissu urbain et surtout bien réglés, on peut espérer un débit de la circulation acceptable. Dans les pays développés, c´est un logiciel informatique qui régule le fonctionnement de ces feux. C´est dire toute la minutie qu´exige la gestion de ces équipements. Chez nous, il n´y a ni les feux, ni leur logiciel. La gestion de la circulation se fait manuellement, par la gestuelle. Même cette gestuelle a un grand besoin de mise à niveau. Pourquoi voulez-vous que le policier dépasse le standard national de la performance? Il appartient au même «moule» que l´ensemble de nos ressources humaines. Un «moule» dont il faut reconnaître que les services et la maintenance ne sont pas son fort. Tant que nos responsables éviteront de parler des feux pour réguler la circulation, nous continuerons à tourner en rond autour du problème. Que celui qui a entendu un de nos responsables parler sérieusement de feux de croisement, nous jette la pierre. Sinon, faisons comme pour le métro ou la distribution d´eau et osons donner en concession la gestion de la circulation routière à des partenaires étrangers. Oui, mais avec un baril de pétrole en chute libre, nous ne pouvons plus nous rouler les pouces et continuer à attendre que les autres fassent notre travail. Un peu de conscience, bon sang!