Les dates sont des moments forts qui marquent une étape dans l´histoire d´un peuple, d´un pays. Il en est ainsi du 11 Décembre 1960 dont nous célébrons aujourd´hui le 48e anniversaire. Ces célébrations, populaires et/ou officielles, outre d´être des cérémonies du souvenir, sont aussi, sans doute surtout, la prégnance d´une historicité pérenne, mais aussi d´une Histoire récente qui est, qui reste, à écrire. Car si des dates ont jalonné notre historicité, leur signifiant demeure obscur et pas toujours expliqué, ni évident. Il en est ainsi du 11 Décembre 1960, comme il en a été d´autres moments de notre marche vers l´Indépendance, qui a marqué son irrévocable aboutissement. C´est ce jour, glorieux entre tous les autres jours de la Révolution, que le peuple algérien, bravant les armes de l´armée d´occupation, descendit en masse dire son refus de la colonisation, signifier à la France que, pour elle, la guerre était perdue, définitivement perdue. La démonstration populaire de Décembre 60, dans les principales villes du pays, aura surtout détrompé ceux qui avaient encore des illusions quant aux choix du peuple algérien. Et, ce 11 Décembre a été pour la France un second Verdun, lorsque les Français ont capitulé devant les forces prussiennes. Sans doute moins sanglante que la défaite de Verdun, celle que la France a subie en Algérie est la plus cuisante, car venant d´un peuple qui a dit non à la colonisation, non à la présence étrangère. Le 11 Décembre a été en fait, sinon l´ultime, du moins la dernière grande bataille que les Algériens eurent à livrer sur le terrain. Mais cette bataille, comme celles qui l´ont précédée, est peu connue du peuple algérien lui-même, car chichement mise en valeur, lorsque la chape de plomb étouffait toute velléité d´une écriture indépendante des faits de notre histoire, de notre historicité. Le voile s´est certes, levé ici et là, mais sans réellement éclairer sur des faits peu connus qui ont toutefois marqué une part de l´histoire du pays. Domaine réservé, voire sélectif, privilégiant des faits par rapport à d´autres, tout aussi importants, l´Histoire n´a pas tout dit sur «l´histoire» récente et ancienne de l´Algérie, subissant l´imprimatur. La polémique animée récemment par d´anciens ténors du champ politique algérien en dit long sur les lacunes qui sont celles de l´écriture de l´histoire de la Révolution, comme les manques qui laissent des pans entiers de cette histoire dans l´ombre alors qu´ils expliquent, ou peuvent expliquer, le ou les choix faits au nom du peuple ces dernières décennies et notamment le fameux tournant de l´été 1962. Aussi, tout n´a pas été dit sur la Révolution et son histoire alors que celle-ci est et reste en stand-by.