On semble beaucoup, sinon trop, attendre du président américain, Barack Obama - qui effectue ce jeudi, sa première visite dans un pays arabe - alors que les malentendus Monde musulman-Occident ne peuvent à l´évidence se résoudre à l´aune d´un discours aussi communicatif et franc soit-il. Certes, ce que dira le président Obama à la communauté musulmane, à partir du Caire, clarifiera sans doute la démarche du nouveau locataire de la Maison-Blanche envers le monde arabo-musulman, mais n´atténuera pas pour autant les suspicions de l´Occident envers cette communauté et sa religion. M.Obama a beau dire que les Etats-Unis ne sont pas en guerre contre l´Islam, c´est bien l´impression qui prévaut dans nombre de pays arabes et musulmans quand l´équivoque et l´amalgame sont entretenus dans une guerre contre le terrorisme qui assimile trop facilement l´islamisme à l´Islam. Que va dire Obama aux Arabes et aux musulmans? Qu´il les aime? Ce n´est certes pas ce qui est attendu du président de la première puissance mondiale. Il est plutôt souhaité de Barack Obama qu´il précise la politique de son administration, outre pour ce qui est du monde arabo-musulman, envers le dossier israélo-palestinien. De fait, les pétitions de principe risquent d´être insuffisantes et de courte vue si, effectivement, l´administration Obama ne prend pas sur elle de crever l´abcès d´un conflit qui dure depuis plus de soixante ans. Aussi, la fermeté de façade que M.Obama semble avoir adoptée vis-à-vis du Premier ministre israélien restera improductive tant que Washington n´assume pas totalement ses responsabilités historiques dans un contentieux qui a perduré du fait de la politique complaisante US envers l´Etat hébreu au point que celui-ci prétend négocier la paix avec les Palestiniens, tout en poursuivant, parallèlement, le renforcement et l´extension de la présence juive dans les territoires palestiniens occupés. Lorsque le président américain a reçu le 18 mai dernier le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, il ne semble pas qu´il lui ait suffisamment fait comprendre l´incongruité de la position israélienne qui encourage une colonisation de peuplement sur un territoire étranger avec les représentants duquel il dit vouloir négocier. Or, le gel de la colonisation ne peut être différé ni négocié, c´est une condition sine qua non de toute négociation entre Israéliens et Palestiniens. Aussi, le langage conciliant adopté avec Israël, qui contraste avec le ton avec lequel l´Amérique s´adresse aux Arabes et aux musulmans est éloquent. Reprendre à son compte la vision de deux Etats vivant côte à côte, que sans doute M.Obama va réaffirmer jeudi au Caire, risque de faire long feu si cette opportunité n´est pas accompagnée par des propositions concrètes capables de sortir le dossier de l´impasse où les Israéliens l´ont enfermé. Tant que les Américains, alliés privilégiés d´Israël, continuent de laisser l´Etat hébreu décider du sort de toute une région, et ne prennent pas sur eux d´imposer une solution équitable qui tienne compte des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et des différents plans de paix agréés par la communauté internationale, il est patent que le dossier demeurera en stand-by durant des années, voire des décennies encore, selon le bon vouloir d´Israël peu pressé de voir s´édifier à ses côtés un Etat palestinien indépendant. Respecter les Arabes et les musulmans, c´est commencer par solutionner le plus vieux contentieux du monde créé par l´Occident lui-même qui a imposé au monde arabe une greffe - Israël - qui n´a jamais pris. La communauté arabo-musulmane n´a pas besoin qu´on la caresse dans le sens du poil, elle a surtout besoin qu´on lui présente du concret. Les discours creux et les poncifs, les Arabo-musulmans n´en ont rien à cirer!