La distribution de l´eau en Algérie s´est tellement améliorée qu´on en parle très peu. Distribution implique forcément disponibilité. La multiplication des barrages et le vaste programme des usines de dessalement d´eau de mer ont effacé le spectre de la pénurie qui nous avait poursuivis durant des décennies. A telle enseigne que le marché des citernes s´est effondré. Plusieurs fabricants de jerrycans se sont aussi recyclés dans d´autres produits. Les fûts en plastique trouvent de moins en moins preneurs dans le commerce. Autant de signes qui prouvent que notre pays a gagné la bataille de l´eau. Dans les foyers, le robinet a repris toute sa fonction après avoir été l´objet obsessionnel de nos nuits agitées. Mais cette eau qui coule en continu dans nos maisons n´en reste pas moins précieuse. Dans le monde entier la question est préoccupante. Préoccupante par la répartition inégale de l´eau sur la surface du globe. A tel point que l´eau a intégré aujourd´hui le commerce extérieur de beaucoup de pays au même titre que le blé, le sucre ou le pétrole. Des pays vendent de l´eau à d´autres pays. Dans d´autres cas et toujours pour avoir de l´eau, des pays n´hésitent pas à recourir aux conflits armés pour s´en procurer. En Algérie et grâce à l´ambitieux programme des ressources hydrauliques réalisé depuis une décennie, nous avons enfin atteint un taux de production qui, non seulement, répond à nos besoins mais contribue également à notre sécurité. Il faut cependant savoir qu´en la matière rien n´est jamais acquis définitivement. D´un côté parce que cela dépend pour une bonne part des conditions climatiques qui varient d´une année l´autre et que le dessalement d´eau de mer, et de l´autre, est un procédé mécanique qui, en tant que tel, a une durée de vie qui n´est pas éternelle. Et que donc pour procéder à son renouvellement dans le temps, il faudrait disposer, au moment précis, des ressources financières nécessaires. Ce que rien ne peut garantir. Ce que nous avons pu réaliser aujourd´hui grâce à la manne pétrolière ne nous autorise nullement à croire que nous serons dans les mêmes dispositions dans les 20 ou 30 prochaines années. Cela pour dire que s´il est méritoire d´en avoir fini avec la pénurie d´eau et être parvenus à une relative abondance grâce à une politique cohérente de développement, il ne doit échapper à personne qu´il est tout aussi important de veiller contre toutes les formes de gaspillage. La saison de l´été est celle de tous les abus en matière de consommation d´eau. Une consommation qu´il faudra absolument baliser. Qu´il faudra absolument ordonner. Codifier. Une consommation qu´il faudra doter de textes législatifs. Des balises qui vont des branchements pirates aux piscines individuelles en passant par le lavage des voitures. Des balises pour éviter l´irrigation des champs par des ponctions sur les conduites de la ville, pour inciter au recyclage de l´eau des piscines et des stations-service. En Grande-Bretagne la firme Xeros en est aux derniers essais d´une machine à laver qui «n´utilise qu´une tasse d´eau par charge de linge». Des billes en nylon réutilisables des centaines de fois permettent cette réduction drastique de consommation d´eau des machines à laver conventionnelles. Pourtant, l´Angleterre est loin d´être un pays semi-aride comme le nôtre. Tout se gère. La pénurie tout autant que l´abondance.