Depuis peu, nous assistons à un bras de fer unique dans les annales de l´histoire. Les Etats-Unis ne parviennent plus à se faire entendre par Israël. L´Etat hébreu agit comme si la seule superpuissance au monde c´était lui. Pour avoir osé «demandé», hier, à Israël de «stopper la construction d´un nouveau quartier de colonisation à Jérusalem-Est», les Etats-Unis se sont heurtés à une fin de non-recevoir. Pour être plus juste, disons qu´ils ont été simplement remis à leur place. C´est-à-dire qu´ils peuvent se prévaloir de dicter leur volonté autant qu´ils le peuvent et à tout le monde s´ils le veulent, sauf au gouvernement israélien. «De telles restrictions sont inadmissibles», leur a signifié le Premier ministre Netanyahu. On ne peut être plus clair. Il faut aussi préciser que les USA ne sont pas à leur premier camouflet face à Israël. L´insistance américaine sur la nécessité des «deux Etats» comme condition de parvenir à la paix au Moyen-Orient a connu le même sort. Netanyahu n´ y accorde pas plus d´importance. Nous ne sommes plus dans le contexte de l´Amérique alliée inconditionnelle d´Israël. Ce stade-là est dépassé. Le rapport de force s´est inversé. C´est Israël qui dit aujourd´hui et publiquement aux Etats-Unis: «Si vous voulez que nous soyons vos alliés, taisez-vous et ne mettez pas votre nez dans nos affaires!» Oui, voilà la triste évolution de la position que se donne l´Etat hébreu sur l´échiquier mondial. Il faut dire que c´est la nouvelle démarche «conciliante» de l´Administration Obama qui a voulu se démarquer de celle de Bush jugée «irresponsable» qui a fait sortir de leurs gongs les dirigeants israéliens. A peine si l´on se retient de dire qu´Obama l´a cherché. Il se croyait plus fort en usant de modération. Deux affronts qui ne seront pas sans conséquences pour la suite des événements qui secouent la planète. L´escalade s´annonce inévitable. La seule et vraie question est de savoir si le bras de fer persiste, jusqu´à quand tiendra le stade verbal. L´hypothèse la plus vraisemblable est qu´Obama ne se permettra pas d´aller plus avant dans son rôle de «grand frère». Une fois passe. Deux fois, ça commence à bien faire. La troisième fois, gare! Cette «remise au pas» des Etats-Unis par Israël intervient à peine quelques jours après le discours du Président Bouteflika à Charm El Cheikh au 15e Sommet des pays non-alignés. Chacun peut aujourd´hui se rendre compte de la justesse de ce passage de son intervention: «Le monde commence à comprendre enfin qu´il n´y aura pas de progrès dans le processus de paix au Moyen-Orient sans des pressions fortes et pleinement assumées sur Israël.» Reste plus qu´à mesurer la distance qui sépare la compréhension de l´action.