Depuis soixante ans, le peuple palestinien est victime d´un déni de droit et ses territoires sont occupés par une puissance étrangère. Dans ce cas de figure, le droit international est clair et il existe d´innombrables résolutions du Conseil de sécurité qu´il suffirait aux autorités en charge du dossier de faire appliquer par l´Etat hébreu. Dans la pratique cela ne semble pas aussi simple que cela paraît, ce qui explique, entre autres, la durée inusitée d´un contentieux qui aurait dû trouver son issue par, outre l´application des résolutions des Nations unies, des négociations rationnelles entre les deux belligérants. Mais pour négocier, il faut être deux. Or, Israël, la puissance occupante des territoires palestiniens, par pourparlers entend en fait, imposer son diktat à ses partenaires palestiniens. Or, ceux qui peuvent le plus, peuvent le moins, selon toute évidence, eu égard à l´échec de la «communauté internationale» à imposer à Israël de se conformer au droit international et surtout aux résolutions avalisées par le Conseil de sécurité. Cependant, il semble bien, dans ce dossier, que ce soit encore sur les victimes que l´on fait pression et auxquelles on demande d´autres concessions, jusqu´à trouver naturel que la puissance occupante consolide sa présence par l´élargissement de colonies qui font obstacle à toute avancée constructive de ce dossier de décolonisation et aussi à la création de l´Etat palestinien indépendant. Or, voici que 70 sénateurs américains, sur les 100 membres que compte le Sénat US, ont écrit récemment au président Obama, le sollicitant à inciter les Arabes à plus de concessions et à faire un «geste spectaculaire» envers Israël. Aïnsi, dans la lettre à Barack Obama ils l´interpellent, écrivant: «Nous aimerions comprendre quelles avancées vous demandez aux pays arabes et ce que vous attendez des pays arabes dans les prochaines semaines et les prochains mois» et qui poursuivent: «Nous espérons aussi que vous allez continuer à exhorter les dirigeants arabes à envisager des gestes spectaculaires envers Israël, comparables à ceux réalisés par des dirigeants courageux du passé, comme le roi Hussein de Jordanie ou le président égyptien Anouar El-Sadate». Qu´y a-t-il de plus spectaculaire que l´offre de paix faite par les Etats arabes en 2002, dédaigneusement rejetée par Israël? Qu´y a-t-il de plus global que l´échange de la terre contre la paix, principe universel, pour mettre un terme au plus vieux contentieux qu´a connu le monde moderne? A contrario, loin de répondre aux offres arabes, l´Etat hébreu a multiplié les obstacles en accentuant sa mainmise sur les terres palestiniennes, confortant la colonisation en Cisjordanie et accélérant la judaïsation de Jérusalem-Est, renvoyant quasiment aux calendes grecques l´érection de l´Etat palestinien. Par ailleurs, quelles suites ont eu les gestes unilatéraux de l´Egypte et de la Jordanie qui ont signé la paix avec Israël? Quel renvoi de balle a fait l´état hébreu? On attend toujours plus des Arabes, mais en retour on n´exige rien d´Israël. Les sénateurs américains auraient été, on s´en doute, mieux avisés de s´adresser à leurs amis Israéliens leur demandant de faire ce «geste spectaculaire» et de savoir raison garder, ne serait-ce que par le gel de la colonisation, geste cependant loin d´être décisif d´autant que seul le retrait de tous les territoires arabes - y compris Jérusalem-Est - occupés en 1967 garantirait la paix pour toute la région du Proche-Orient et la sécurité pour l´Etat hébreu plus singulièrement. Les sénateurs américains, sous la pression des lobbys pro-israéliens, obnubilés par la sécurité d´Israël, ont-ils seulement compris et admis que la sécurité de l´Etat hébreu ne peut être assurée que par l´existence, aux côtés d´Israël, de l´Etat de Palestine? Aussi, faire de la surenchère, comme le montre leur message au président Obama, n´aide en rien à trouver une issue au conflit alors que l´occupation israélienne reste le principal et seul obstacle à la paix.