Un quarteron de ministres des Affaires étrangères de pays membres de l´Union pour la Méditerranée (UPM), s´est réuni, lundi et mardi au Caire dans la tentative de réanimer une organisation moribonde, si elle n´est dans le coma, maintenue artificiellement en vie. En effet, l´UPM, qui ne semble être qu´un caprice de deux hommes en mal de leadership - le Français Sarkozy et l´Egyptien Moubarak, qui co-président ce «nouveau» machin, censé rapprocher les deux rives de la Méditerranée - n´a jamais été aussi éloignée des objectifs, pourtant très modestes (environnement, transports, énergie, culture, éducation...), qu´elle s´est fixés. Pouvait-il en être autrement lorsque l´UPM n´est autre que le prolongement du calamiteux processus de Barcelone qui a lamentablement échoué. De fait, l´existence de l´UPM, projet aujourd´hui largement controversé, n´aura été un succès, quoique éphémère, que pour son initiateur, Nicolas Sarkozy. Entre-temps, beaucoup de choses sont venues remettre ce projet à ses justes mesures, comme montrer l´inanité de vouloir construire sur du sable. En effet, peut-on aller de l´avant dans la construction de l´ensemble euro-méditerranéen, quand la question palestinienne demeure en suspens, quand Israël approfondit la colonisation des territoires palestiniens et s´oppose de fait à l´érection d´un Etat palestinien viable? Il y avait là comme un défaut qui a rapidement été mis en évidence par l´arrivée au pouvoir en Israël du gouvernement le plus à droite et antipalestinien de ces dernières années. Comment les pays arabes pouvaient-ils siéger à la même table qu´un Monsieur, le chef de la diplomatie israélienne (Avigdor Lieberman) qui refuse frontalement la création d´un Etat palestinien? Dès lors, il y avait déjà un casus belli dans le contrat de l´Union pour la Méditerranée, car la Palestine en est un membre de droit (cf. le communiqué du 13 juillet 2008 portant création du nouvel ensemble euro-méditerranéen) à l´instar d´Israël. Aussi, vouloir faire fonctionner l´UPM sans, auparavant, donner une solution adéquate à l´occupation des territoires palestiniens par l´entité sioniste, c´est continuer à tirer des plans sur la comète sans profit pour une Union dont il reste à démontrer la pertinence de son existence dans le contexte qui est celui du Bassin méditerranéen. De fait, l´UPM, marquée par des arrière-pensées politiciennes - singulièrement la détermination du président Sarkozy de caser ailleurs l´encombrante Turquie à laquelle il refuse l´adhésion à l´Union européenne - ne pouvait qu´échouer comme avait failli le processus de Barcelone. Ainsi, le fiasco de l´UPM était, dès le départ, programmé du fait même qu´au plan politique, les partenaires euroméditerranéens ne se trouvaient pas en phase. Face à une Union européenne unie et parlant d´une même voix, il y avait un ensemble arabe hétéroclite, divisé, ne s´accordant sur rien, même pas sur le fait d´un soutien sans faille à la cause palestinienne. D´autre part, l´UPM peut-elle fonctionner régulièrement en écartant des sujets (conflit israélo-palestinien, immigration, démocratisation des Etats arabes) qui concernent au premier chef les pays de la rive sud de la Méditerranée? Certes non! Alors, sur quoi veut-on bâtir l´Union pour la Méditerranée, si l´essentiel, le fait politique, est évacué de ses préoccupations? Quel crédit donner à une zone - de libre-échange (un projet phare de l´UPM) si l´on fait l´économie de la question palestinienne et qu´elle ne soit pas prise en charge et résolue? Or, la Palestine reste en fait la clé de l´Union pour la Méditerranée, comme le montre son actuel blocage. Dès lors, la désignation d´un secrétaire général pour l´UPM n´est assurément pas l´urgence du moment, comme a tenté de le faire accroire le quarteron réuni hier au Caire.