Le lait est en train de «tourner» ces jours-ci. D´abord, tous ces professionnels du lait (éleveurs, collecteurs et transformateurs) qui ont raison de faire du bruit pour réclamer les primes de soutien qui ne viennent pas depuis des mois. Non seulement ils ont raison, mais il faudrait que l´Office national interprofessionnel du lait (Onil) s´explique sur ces retards. Il est anormal qu´un mécanisme, comme celui des primes de soutien, une fois mis en place, connaisse très vite des «pannes». Puisque ce n´est pas l´argent qui manque, alors c´est quoi? Pourquoi ces retards? Pour un produit de première nécessité, pour ne pas dire stratégique, un minimum de sérieux est exigé des responsables concernés. Il est attendu des mesures fermes du gouvernement pour que des institutions publiques ne participent pas à compliquer davantage des situations qui le sont déjà. Nos besoins en lait sont de 3 milliards de litres/an. Notre production annuelle est largement déficitaire. Il nous faut impérativement avancer. Nous n´avons droit à aucun ralentissement, encore moins à un arrêt. Si la bureaucratie persiste à faire des croche-pieds, il n´y a plus d´ hésitation possible: il faut sévir. Mais avant, il faut débroussailler et rendre très fluide la relation entre les deux ministères concernés: celui de l´Agriculture pour la production et celui du Commerce pour l´importation, la distribution et la commercialisation. Il faut aussi en finir avec cette ambiguïté bien entretenue pour ne plus confondre producteur et transformateur. Fixer les règles pour les uns et les autres. Sur le terrain, les choses semblent aller à vau-l´eau. Des transformateurs se permettent des libertés outrageantes sans qu´aucune institution ne réagisse pour les rappeler à l´ordre. Les efforts de l´Etat vont vers la satisfaction des premiers besoins des citoyens. Dans le cas d´espèce, il s´agit du sachet de lait. Subventionner son prix n´est qu´une étape transitoire. La solution est de rattraper le déficit et rendre le lait largement disponible. Ce qui n´est prévu qu´à l´horizon 2014, nous dit-on. Dès lors, pourquoi ce silence devant Danone, ce transformateur privé qui crie à tue-tête être le premier en Algérie à produire du yaourt à partir du lait frais? Il déclare collecter 70.000 litres par jour, ce qui donne près de 26 millions de litres par an. Ses responsables déclarent consacrer 30% de cette collecte pour ce fameux yaourt. C´est-à-dire près de 8 millions de litres/an. Et personne ne bronche. Personne pour dire à ces gens-là que notre urgence c´est le lait, pas le yaourt. Que ceux qui veulent faire du yaourt ne le fassent pas avec une matière première subventionnée. Ni prélevée sur la production nationale pour contrer l´autosuffisance. Ces 8 millions de litres de lait proviennent de la collecte, auprès des éleveurs, par un transformateur. Toute cette chaîne est concernée par la prime de soutien due par l´Onil. Le comble est que ce même transformateur se vante de contribuer ainsi à faire baisser la facture d´importation. Celle-ci a baissé effectivement en 2009, à cette nuance près, que c´est en valeur (baisse du prix du lait sur le marché international), pas en quantité puisque nous sommes encore loin de combler le déficit. «S´ils n´ont plus de lait donnez-leur du yaourt!», aurait dit Marie-Antoinette. Notre ministre du Commerce, lui, ne dit rien, ne fait rien. Là est notre drame!