Intervenant au Sommet arabe de Libye, le secrétaire général de l´ONU, Ban Ki-moon, a appelé les Arabes à des pourparlers «indirects» avec Israël, indiquant: «Mon message à vous, c´est que, quelles que soient nos préoccupations, il n´y a pas d´autres alternatives à des négociations pour une solution de deux Etats.» Certes! Il nous semble, toutefois, que M.Ban s´est trompé de public en s´adressant aux chefs d´Etat ou à leurs représentants. En effet, ce discours, c´est à Israël qu´il aurait dû le faire, car c´est l´Etat hébreu qui détient toutes les cartes et décide à sa convenance du moment et de l´opportunité de «discuter» avec les Palestiniens. Gagner du temps! Ce que Israël fait depuis 1993 et les Accords de paix d´Oslo, réduits à néant, justement, par l´actuel détenteur de la primature israélienne, Benjamin Netanyahu, qui gela les retraits de Cisjordanie et de Ghaza comme stipulés par les Accords d´Oslo. Depuis dix-sept ans en fait, Israël n´a fait que remettre le com-pteur à zéro, après chaque accord entre les parties, trouvant à chaque occasion prétexte pour temporiser afin de ne jamais aborder les questions de fond. Le magistral échec de la conférence d´Annapolis, réunie à l´initiative du président US sortant, George W. Bush, illustre le double langage d´Israël qui, parallèlement, accélère la judaïsation de Jérusalem-Est et l´expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie occupée. Pendant ce temps, les mois et les années passent, sans que rien de nouveau ne vienne débloquer la situation. Ainsi, il est peu probable qu´une telle perspective puisse arriver un jour du fait que la communauté internationale et l´ONU sont totalement entrées dans le jeu d´Israël comme le montre clairement l´appel de M.Ban aux Arabes, les invitant à négocier «indirectement» avec Israël. Un recul abyssal après Oslo 1993, resoulignons-le. A Syrte, M.Ban, encore une fois, se suffit de constater que «l´activité de colonisation est illégale et doit cesser» alors même que les violations par Israël à Jérusalem-Est occupée, sont incompatibles avec le droit international dont l´une des missions du secrétaire général de l´ONU est justement celle de le faire respecter et surtout y faire se conformer les Etats membres en infraction. Or, Israël créé par une résolution de l´ONU, la résolution 181 (II) du 29 novembre 1947, ne s´est jamais conformé aux résolutions onusiennes, y compris, sans doute surtout, la 181 qui donna naissance à l´Etat hébreu qui s´autoproclama six mois avant l´entrée en vigueur de ladite résolution. Loin de condamner cette transgression du droit international, nombreux sont les Etats - qui nous serinent le respect du droit international - qui ont immédiatement reconnu Israël le 8 mai 1948. Des dizaines de résolutions ont été votées ces dernières années par le Conseil de sécurité de l´ONU, dont les résolutions 194 (de 1948, sur les réfugiés palestiniens) 242 et 338 (de 1967 et 1973, sur le retrait «immédiat» d´Israël des territoires palestiniens), 446 (de 1979, contre les installations d´Israël dans les territoires palestiniens), 478 (de 1980, sur le statut de Jérusalem, la communauté internationale ne reconnaissant pas l´annexion par Israël de Jérusalem-Est). Il y a donc suffisamment de résolutions, toutes ignorées par Israël, sans revenir sur les avis de la CIJ (Cour internationale de justice) pour dire que les Nations unies et la communauté internationale ont en main tous les éléments propres à faire se conformer l´Etat hébreu au droit et aux lois internationaux. A commencer par l´application des résolutions pertinentes onusiennes sur le dossier palestinien. Que vont encore négocier les Palestiniens quand tout a été dit à Oslo avec la bénédiction de la communauté internationale? Quand exigera-t-on enfin d´Israël de se conformer à ce droit international que l´on agite, mais qui ne serait applicable qu´à des nations comme l´Irak et l´Iran?